Les saisons entre les Sabbats

Du Solstice d’Eté au 1er Août

la saison de l’espoir

par Judy Harrow

version française Tof

 

 

 

Au Solstice d’Eté, après six mois d'accroissement la lumière est à son apogée et commence à reculer. Maintenant, tout en bas de la Roue de l’Année, nous commençons à rencontrer des limites. Notre joie est teintée d'abattement : le jour ne pourra être plus lumineux. L'année solaire a commencé son long déclin. Au Solstice d’Eté, l'hiver commence à revenir.

Même si nous ne les aimons pas les limites maintiennent la vie. La croissance sans limite tue les individus et les écosystèmes. Tout système sans limites serait un système qui s’emballe. En définissant nos frontières, les limites nous donnent notre identité et notre équilibre et nous empêchent de perdre le contrôle.

La nécessité de faire un travail utile est une limite de ce genre pour l'humanité. Nous ne pouvons pas toujours jouer, nous reposer ou méditer. La plupart d’entre nous trouvent une grande partie de leur identité en effectuant un travail utile.

Dans le cycle agricole, c’est le moment où les fermiers travaillent sans recevoir de récompense immédiate. La promesse lumineuse du Printemps est flétrie. Maintenant la plupart des fleurs sont tombées, mais les fruits ne sont pas encore mûrs. La possibilité n’est pas encore manifeste et sa manifestation dépend de notre capacité à favoriser l’espoir, face à l’incertitude, à continuer à avoir le dessus. Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre la moisson. Nous devons y travailler, sous le soleil brûlant et la pluie, tout en sachant que la sécheresse, la grêle, la maladie ou le feu peuvent nous priver de la moisson. L’espoir soutient notre travail jusqu'à ce que l’heure de la moisson soit arrivée.

On dit que l’amour et le travail seraient les deux grands soucis de la vie humaine. Après le 1er mai, la période des fleurs et des promesses, l’amour emplit nos pensées. Maintenant, dans la saison de l'espoir c’est le bon temps pour se concentrer sur certains résultats du travail.

Le travail remplit deux de nos besoins bien différents : il nous aide à vivre et nous donne le sens de l'accomplissement. Même si ces besoins ne sont pas contradictoires, leurs réalisations sont assurément indépendantes l’une une l’autre. Elles peuvent coïncider, mais le plus souvent elles ne le font pas. Voici des choses auxquelles penser à ces deux sujets :

 

1. Une Bonne Vie

Aujourd’hui et ici, tous les adultes en bonne santé sont censés se soutenir. En conséquence, une grande partie de notre sens de la dignité et de la liberté nous demande d’être indépendant ou de ne pas être redevable envers d’autres. Lorsque nous rencontrons d’autres personnes, nous nous présentons souvent en disant ce que nous faisons dans la vie ou ce que nous espérons faire après nos études. Pour les Sorcières, à qui on interdit de gagner de l’argent au travers de nos activités religieuses, la nécessité de gagner notre vie est des plus évidentes. Mais tous les moyens d’existence ne sont pas « bons ».

- Votre travail est-il conforme à vos valeurs ? Si votre travail exige que vous fassiez quelque chose que vous considérez comme mal, cherchez un autre emploi. Dans des cas extrêmes, vous pourriez même devoir quitter ce travail avant d’en avoir trouvé un autre. Pensez également que vous pouvez faire quelque chose de moralement neutre, comme être standardiste pour une société dont le but global est contraire à vos valeurs. Savez-vous quelles sont réellement les valeurs de la société pour laquelle vous travaillez ? Découvrez-les.

- Vos employeurs vous respectent-ils comme être humain et comme employé ? Êtes-vous bien traité au travail ? Si non, il y a différentes manières de réagir :

- Si vous vous sentez en confiance avec votre supérieur et qu’il vous traite avec respect, vous pouvez essayer de discuter ouvertement des soucis spécifiques avec lui. Faites attention, aujourd'hui de nombreux directeurs et supérieurs hiérarchiques sont formés pour écouter activement toutes sortes de conversations sans avoir aucunement l’intention de changer quoi que ce soit. C'est une technique de manipulation destinée à désamorcer votre colère légitime ou même pour identifier et éliminer par la suite les « fauteur de troubles ».

- Vous pouvez en discuter avec les collègues auxquels vous faites confiance, organisez peut-être même un syndicat (encore mieux contactez-en un qui existe déjà) et en travaillant ensemble, négociez en position de force.

- Rappelez-vous toujours que vos droits de citoyen existent aussi sur votre lieu de travail. Si vos plages horaires et votre salaire ne sont pas en accord avec les conventions collectives, si votre lieu de travail est dangereux ou si vos conditions de travail sont mauvaises pour votre santé, si vous êtes soumis à une discrimination sur une base raciale,  ou religieuse, du fait de votre âge ou de votre sexe (ou, selon la juridiction de votre pays, vos préférences sexuelles), n’hésitez pas à faire appel à l’organisme gouvernemental compétent.

- Si vous êtes vraiment mécontent de votre travail et que vos efforts pour l’améliorer ne produisent pas de résultats satisfaisants, vous pouvez chercher un autre travail. Mettez à jour votre C.V., obtenez un rendez-vous à l’A.N.P.E. et commencez à lire les petites annonces. Demandez aussi discrètement autour de vous. On ne trouve pas la plupart des nouveaux emplois dans les petites annonces.

- Souvenez-vous, vous avez un travail. Les factures sont payées. Vous n’avez nul besoin de prendre le premier emploi qui passe. Soyez clair avec vous-même. Sachez exactement pourquoi vous voulez quitter votre travail et ce en quoi vous voulez que votre prochain travail soit différent. Soyez patient et faites attention. Ne changez pas de travail avant d’être certain que le nouveau vous apportera ce que vous voulez.

 

- Si votre travail est OK, mais que vous n’êtes toujours pas heureux, pensez peut être à changer de métier. C'est un changement beaucoup plus drastique et cela peut prendre des années. Vous devriez commencer à explorer les possibilités qui s’offrent à vous alors que vous travaillez toujours en essayant de vous former dans les livres voire même en consultant un orientateur professionnel. Ce genre d’exercices peut aussi être d’intéressantes activités pour un coven.

De nombreux changements professionnels exigent que vous retourniez à l'école. Prendre des cours du soir d'initiation peut être une autre manière d’explorer et de prendre un nouveau départ si vous décidez que c’est ce que vous voulez vraiment. De nouvelles carrières peuvent également être explorées par le bénévolat.

 

- Alors que vous travaillez à ces décisions et changements, souvenez-vous que vous êtes une sorcière. N'ignorez pas ou ne vous déconnectez pas de votre magie en approchant des parties apparemment non religieuses de votre vie. La divination et l’exploration de votre chemin peuvent vous aider à extrapoler les résultats possibles de diverses possibilités. Les Sortilèges peuvent vous aider à réveiller et renforcer les énergies dont vous avez besoin pour obtenir tous les changements désirés ou plus simplement pour maintenir votre carrière professionnelle dans une direction que vous voulez. Il y a des Déités qui guident et renforcent le monde du travail. Tout cela compose votre héritage et sera une ressource fort utile.

 

2. Des contributions significatives

Les adultes auto-réalisés doivent savoir ce qu’ils font dans ce monde. Nous avons besoin d'un sens de l’accomplissement. Pour se concentrer réellement sur cette question, il faut faire deux distinctions claires :

- Une contribution significative n’a rien à voir avec le fait que nous soyons payés ou non pour ce travail. Notre habitude moderne d’évaluer les activités selon ce qu’elles rapportent nous distrait souvent de leur véritable valeur. Rappelez-vous que lire avec un enfant en bas âge est une contribution toute aussi importante pour le développement de cet enfant si c’est un instituteur salarié qui s’occupe de l’enfant ou un parent non payé. D’un autre côté ce que font beaucoup d’entre nous met peut être du beurre dans les épinards mais ne nous laisse pas une sensation d’accomplissement. Comme Prêtre ou Prêtresse que faites-vous qui vous donne une sensation d'accomplissement ?

 

- Une contribution significative ne dépend pas plus d’une expression créatrice. Vous pouvez avoir une pratique artistique valable sans partager votre travail avec d’autres. D’un autre côté, la plupart des corvées ménagères, la poussière, la vaisselle, la lessive, sont de véritables contributions au bien-être de la famille même si ces activités ne sont pas très créatrives. Et vous pouvez vous sentir bien en voyant une cuisine propre. Quelles sont les corvées qui facilitent la vie d’un coven, d’une communauté, de la Terre ?

Les Prêtres et Prêtresses tirent de grandes satisfactions de notre travail religieux. Pour ceux d’entre nous qui pratiquent traditionnellement c’est tout ce que nous obtenons, il n’y a pas de récompense extrinsèque. Il est donc utile de se rappeler qu'un véritable sens de l’accomplissement est un besoin tout aussi important et aussi que de nombreuses tâches quotidiennes ne sont pas accomplies.

Comme notre religion n’est pas organisée, et la plupart d'entre nous préfèrent que ça reste ainsi, il n’y a pas d’autorité centrale pour évaluer nos talents et nos forces et nous envoyer là où notre travail sera le plus nécessaire. Chaque Sorcière devra se connaître et développer sa propre activité religieuse.

Une autre manière de dire cela : nous ne sommes pas payés pour ça et nous n’avons pas de patron. Cela nous laisse libre. Nous pouvons faire ce que nous aimons faire et ce que nous croyons être vraiment important. Nous pouvons faire des choses par lesquelles nous continuons à apprendre et nous développer. Comme Prêtre ou Prêtresse, nous pouvons, et nous devrions, nous diriger seul. Voici quelques questions à se poser quand nous réfléchissons à notre travail pendant cette saison d’espoir.

 

- Quels sont vos talents ? Quels étaient les sujets que vous aimiez le plus (et le moins) à l'école ? Quels sont vos passe-temps (ou qu’étaient-ils quand vous en aviez) ? Quels étaient les résultats des tests d'aptitude que vous avez faits ?

 

- Comment est-ce que vos talents pourraient être utiles dans la Wicca ou plus généralement au monde ?

 

- Quel est votre tempérament ? Quel genre de travail appréciez-vous le plus ? (et le moins ?) Travailleriez-vous plutôt seul ou en équipe ? Préférez-vous suivre des instructions, à travailler avec des gens ou avec des choses ? Etes vous plus enclin à construire la communauté Païenne ou à créer la culture Païenne ?

 

- Au cours de l’année passée, avez-vous réalisé un projet, lié à la Sorcellerie, dont vous êtes  particulièrement fier ? Qu’est ce que vous avez préféré ? Aimeriez-vous faire d’autres choses dans le même esprit ? Comment pourriez-vous construire sur ce que vous avez appris à l’occasion de ce projet ?

 

- En réalisant ce projet, avez-vous identifié un sujet sur lequel vous aimeriez en savoir plus ou un talent que vous aimeriez développer, maintenant ou plus tard ?

Le travail que nous faisons comme Prêtre ou Prêtresse vient de notre spiritualité et de notre magie. En dehors de ces racines, il ne peut s’épanouir, il ne peut fructifier. Ce ne serait pas une religion. Au mieux ce serait de la bureaucratie religieuse. Mais ceux qui pensent que la prêtrise consiste à méditer dans une grotte en ignorant la communauté et le monde ratent quelque chose. Religion signifie connexion. La connexion du Sacré avec le monde des habitudes.

 

Retour