Rosaleen Norton

une auto-biographie (3)

A l’Ecole la Sorcière n’était pas bonne Elève


Les exorcistes renvoient les démons, tout le monde le sait, mais qui peut renvoyer les sorcières? Rosaleen répond : « Les directrices d’écoles ! »
par Rosaleen Norton in Autralian Post du 24 janvier 1957
version française Tof


Je suis régulièrement surprise de la mise en avant fantastique et disproportionnée de l’aspect « sexe » de mon travail.
Cette disproportion montre que mes dessins suscitent quelque chose de profond dans l’inconscient racial.
Une vie, à mon avis, forme un motif abstrait « dans la ronde » - un peu comme une symphonie musicale où il y a des thèmes, des variations, des contrepoints, de l’harmonie, et une dissonance, parfois délibérée.
Un tel thème récurrent dans ma propre vie s’exprime dans l’expression « influence corruptrice » qu’on a appliquée à moi-même et à mes dessins. Elle a été utilisée pour la première fois à mon encontre lorsque j’avais 14 ans et qu’on m’avait tranquillement expulsée de l’école pour - oui, vous l’avez deviné – pour avoir fait dessiné ce que la directrice d’école considérait comme des « dessins sales ».
Je m’en souviens clairement. L’un représentait la « Danse Macabre, » de Saint-Saëns, on y voyait un rassemblement de vampires, de goules, de loups-garous et toute sorte d’horreurs grotesques que je pouvais dessiner. Je les qualifiais de Noctules, Ils étaient dans une grande grotte souterraine. Je l’avais gardé en souvenir jusqu’à tout récemment.
L’autre représentait également une fête, mais d’un type plus joyeux – il y avait des satyres, des sylvains et d’autres membres du monde de féérie faisant la fête dans une forêt au clair de lune.
Ce dessin a disparu de mon bureau en compagnie d’un exemplaire de « A l’Ouest, Rien de Nouveau », un roman de guerre considéré à l’époque comme « dur » et que j’avais lu en cachette.
Ces goûts, selon la directrice, dans une note adressée à ma mère, indiquaient « Une nature dépravée, qui pourrait corrompre l’innocence (!) des autres filles si je restais à l’école. »
Rétrospectivement, il me semble que « l'innocence » (ou « l’ignorance », qui pour elle étaient apparemment synonymes) était ce qu’elle considérait comme le plus important dans l’esprit de l’adolescente normale.
Le même problème est à nouveau apparu quatre ou cinq ans plus tard, quand un night club de Bohème, « Les 49 Marches », a été perquisitionné par la police et plusieurs peintures, dont certaines de moi, ont été saisies par la police pour « indécence ». (Le plus amusant c’est que, l’unique toile pouvant être jugée indécente d’un point de vue légal a été laissée accrochée au mur – le dessin avait été fait par un autre membre du club).
Une des peintures saisies (la mienne) montrait une fille dansant au clair de lune avec une panthère noire - et il y avait un autre problème : à chaque fois que cette panthère apparaît dans une peinture, il y a automatiquement une action officielle d’une sorte ou d’une autre contre elle.
Lors de cette première occasion il n’y a pas eu de poursuites: Le « Smith’s Weekly » (qui comme « Les 49 Marches », n’existe plus maintenant) a pris fait et cause pour nous avec un tel enthousiasme que les peintures ont finalement été rendues - un événement que j’ai tellement célébré que j’ai failli être arrêtée.
Je m’étais confectionné un costume pour une fête costumée au club; une robe (enfin ce qui en restait) où étaient fixées des caricatures des ces peintures avec les mots « Images Obscènes » sur une ceinture encerclant ma taille et un fez fait maison pour faire penser à Port-Saïd (dont on disait que c’était la capitale de la pornographie et des petites « divas »)
Sur le chemin du club cette tenue plutôt étonnante a attiré l’attention d’un agent de police et j’ai dû beaucoup parlementer avant le convaincre que cette tenue était beaucoup plus adaptée à un night club qu’à une cellule du poste de police.

Pan est-il le Diable ?
Depuis cette époque, un refrain de deux phrases a été répété avec une régularité monotone, venant d’officiels ou d’autres personnes, comme une sorte de chœur grec, « images obscènes » et « influence corruptrice ».
Mais, comme il n’est pas possible d’extirper les idées fausses au sujet de mes peintures dans l’espace limité dont je dispose ici, il vaut mieux attendre pour cela une dissertation ultérieure.
Dans le chapitre précédent, j’ai parlé de mon rituel premier à Pan, ce qui a soulevé un point qui peut être précisé ici. On m’a souvent demandé : « Qu’est-ce que Pan ? ». « Est-il le diable ? »
Bien sur, je ne peux donner ici qu’un vague aperçu dans ma réponse, détailler le sujet remplirait plusieurs livres, mais elle donnera l’idée générale - et, incidemment, ma réponse n’est pas une tentative « pour convertir les âmes ».
Ce qui suit résume quelques-unes de mes croyances, et, franchement, je ne m’inquiète pas de savoir si quelqu’un les partage ou non, (les représentations erronées sont les seules choses contre lesquelles je ne me sois jamais opposée. Comment peut-on être en accord ou en désaccord avec une idée si on n’en a pas une idée non déformée ?
Des théories occultes affirment que les étoiles et les planètes sont les corps d’êtres éminents, ce que je pense également. Je pense que le Dieu Pan est l’esprit dont le corps - ou ce qui peut en être vu dans ces quatre dimensions (la quatrième étant le temps) - est la planète terre et il est donc, dans un sens très réel, le maître et le dieu de ce monde.
C’est peut-être pour cette raison qu’il a été nommé « Pan » ce qui en grec signifie « Tout », car il est la totalité de la vie, les éléments et les formes de vie – organiques, inorganiques et autres, comprenant la planète dans son ensemble, tout comme le corps d’un animal est un ensemble de myriades de cellules, de bactéries, etc., où toutes ces vies et fonctions ont leurs propres formes « d’intelligence » et de perception selon leur type.
Un tel corps serait le « monde » pour chacun de ses micro-organismes et la conscience du propriétaire du corps existerait dans un autre « monde » et sur un plan différent du leur.
Si un homme pouvait communiquer avec l’une des cellules de son corps sur son propre plan, elles percevraient leurs « dieu » dans des termes adaptés à leur compréhension.
En le voyant comme il se voit lui-même, c’est à dire comme un homme, la conscience cellulaire devrait s’unir à lui et « devenir » celle de l’homme, dans un monde en dehors de tout ce qu’elles peuvent concevoir en fonction de toute leur expérience. Bien sûr, ce n’est là qu’un parallèle et il ne faudrait pas que l’on considère cet exemple comme totalement exact. Un dieu est une forme de vie très différente, impliquant d’autres lois et dimensions, et pourrait, autant que je sache, se manifester simultanément dans plusieurs endroits et formes à ceux qui forment une partie de lui, ou aux autres, sans déranger les plans de ses consciences multiples et activités en d’autres lieux.

Forces contre l’humanité!
En portant l’analogie plus loin, un corps animal reste en bonne santé, car une guerre perpétuelle entre les différents types de micro-organismes se déroule en lui et maintient l’équilibre de l’ensemble. La même chose s’applique dans la soi-disant « Guerre de la Nature », et si une des espèces disparait, ce que cause l’humanité en bouleversant l’équilibre en éliminant un trop grand nombre de ses ennemis naturels (ou pour toute autre raison), les Forces intelligentes régissant l’équilibre planétaire doivent utiliser d’autres méthodes pour restaurer l’équilibre - tels que les cataclysmes, les guerres et de nouvelles maladies sur le plan physique, et d’autres forces subtiles sur les plans mentaux et autres, selon l’endroit d’où semble venir le déséquilibre. Le cancer n’est qu’une prolifération de cellules en bonne santé au-delà de leurs limites légitimes et s’il fallait se placer du point de vue de ces cellules et ignorer le corps dans son ensemble, toutes mesures contre ces cellules venant d’autres forces du corps sembleraient hostiles. Il en est de même pour ceux qui ne s’identifient qu’à la race humaine et considèrent que c’est la seule forme de vie importante, spirituellement ou physiquement.
On pourrait à juste titre considérer cet aspect de Pan comme « l’Ennemi », et en tant que tel penser que c’est le diable, surtout s’il n’est personnifié que comme la puissance derrière ceux qui peuvent causer des catastrophes de grandes ampleurs et entraver de certaines façons la bénédiction douteuse qu’est le « progrès humain ».
Si, en outre, les moteurs humains que sont la cruauté, l’envie, la malice, ou la tyrannie destructrice sont projetés sur lui, il en résulte une représentation très juste du diable conventionnel.
C’est en partie ce que je voulais dire en disant que l’homme crée le diable à sa propre image : en général un bouc émissaire très pratique pour ses propres insuffisances.
Selon d’autres traditions occultes, dont la Théosophie, les affaires de cette planète sont guidées par un Etre de la planète Vénus, qui est connu sur Terre sous l’appellation de « Roi ou Prince de ce monde. »
Cela n’invalide en aucune mesure Pan comme dieu de la terre, puisque les activités et les affaires au sein de ce système - sur la planète dirions nous - sont régies par une hiérarchie invisible d’êtres mineurs, d’esprits, d’adeptes, etc. dirigées par un régent, qui pourrait très bien être originaire de Vénus, en particulier en tant que représentant des autres dieux qui existeraient sous une forme ou une autre sur chaque planète.
Nous appelons Vénus l’étoile du soir, mais elle est aussi l’étoile du matin, et pour les anciens elle était à ce titre Lucifer, le « Porteur de Lumière », qui annonçait l’aube. Le représentant du dieu vénusien sur terre était connu par l’un des noms que nous lui donnions (à lui ou elle car les dieux sont asexués tout en étant multi-sexués), d’où « Lucifer, Prince de ce Monde ».
Cette brève esquisse, comme je l’ai dit, ne donne qu’une indication de ce qui en soi n’est qu’une partie d’un système beaucoup plus complexe, mais je vais m’arrêter là pour le moment.
 


 

 

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