Le Bi-Cornu

par Loïs Bourne version française Tof

 

Alors que les sorcières ont toujours affirmé que les racines de leur religion remontent à la préhistoire, des savants prétendent que la sorcellerie n’existe pas et n’a jamais existé, que ce n’est qu’un produit de l’imagination. D’autres ont pris le temps de retracer ses origines depuis le début des temps. Quoi que puisse avoir été la sorcellerie ou quoi qu’elle soit, et que les sorcières aient ou non jamais existé, le fait est qu’il existe des personnes qui ont certains pouvoirs et qu’elles les utilisent pour faire que des événements surviennent, pour le bien ou le mal. Dans le passé on a lapidé des prophètes, et des sorcières furent pendues ou brûlées. Personne n’a sérieusement pris la peine d’examiner ce qu’elles disaient ou d’étudier leurs pouvoirs.

La défunte Dr Margaret Murray a publié deux études anthropologiques « Witchcraft in Western Europe » et « God of the Witches ». Elle affirme que les sorcières étaient les membres d’un ancien culte de fertilité, et que le Dieu des sorcières est un descendant direct du dieu Chèvre ou dieu Cerf du paléolithique qui, plus tard, sont devenus le Gaulois Cernunnus et Herne le Chasseur. Robert Grave pense que le culte sorcier du moyen age fut importé en Europe par les Sarrasins et s’est greffé à l’ancienne religion païenne celtique. Les Sarrasins avaient envahi l’Espagne en 711 et jusqu’à ce qu’ils en furent chassés en 1492 ils ont aussi contrôlé le sud de la France dés 889, ainsi que la Savoie, le Piedmont et une partie de la Suisse. Leurs groupes sorciers, un peu comme les derviches, s’adonnaient à la danse extatique, aux soins miraculeux et la quête de la sagesse incarnée sous la forme d’une Femme Divine d’où est issue la Reine d’Elphame, la maîtresse de Thomas le Rimeur ainsi que celle d’autres sorcières écossaises de la gente masculine. Idries Shah Sayed, l’historien Sufi, parle de la chandelle allumée que chaque Grand Maître déguisé en bouc noir portait entre ses cornes lors du Sabbat des Sorcières en Angleterre et en France. Idries Shah a fait le rapprochement avec la chandelle posée entre deux cornes qui était l’emblème d’Aniza, l’école mystique du neuvième siècle fondée par Abu-el-Ataahia qui venait de la puissante tribu arabe des Aniza (Chèvre) dont sont également issus aujourd’hui les enfants d’Ibn Saud et le Cheik du Koweit. La chandelle représente « l’illumination par la tête d’Aniza ». « Robin » le nom générique pour un Chef ou un Grand Maître viendrait Tab-bin (celui qui voit la route). Il y a apparemment eu un groupe berbère, se réclamant de l’école d’Aniza, connu sous le nom de « Bi-Cornu » qui vivait en Espagne sous la protection des Rois d’Aragon qui se sont unis avec la famille royale anglaise et avec les descendants royaux du Prophète à Grenade. 

Idries Shah pense que c’est ce culte particulier qui est arrivé dans les Iles Britanniques. Il  cite en exemple la couverture du « Sadducismus Triumphatis » un livre de 1681 montrant Robin Goodfellow, des cornes sur la tête et une chandelle à la main dans un coven réunissant treize sorcières comme le groupe berbère. Un adepte porte son couteau rituel, le « ad-adhamme » (Athamé), et il danse un « kafan » (ou feuille sinueuse) pour se souvenir qu’il est mortel. Idries Shah  pense que c’est probablement de « kafan » dont vient le mot « coven ». Leur lieu de rencontre était connu sous le nom de « Az zabat » (l’Occasion Puissante) d’où les sabbats et esbats (une rencontre mensuelle sorcière) des sorcières.

Les membres de ce culte considèrent l’extase dans leurs rituels comme un prélude à la sagesse divine et certains d’entre eux chevauchent des bâtons ou des balais un peu comme un cheval bâton, tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, contre la course du soleil, comme autour de la Kaaba à la Mecque. Cela explique peut être pourquoi on a accusé les sorcières anglaises de causer des tempêtes, des putréfactions et la ruine par cette méthode. Idries Shah considère que le culte du Bi-Cornu peut être arrivé en Angleterre vers 1208 lorsque le pape a jeté l’interdiction sur le pays pour dix ans et que le Roi Jean a envoyé un émissaire secret au Maroc avec la promesse de devenir musulman.

L’école originale d’Aniza atteignait l’état d’extase en battant des tambours et des cymbales ou en frappant des mains sur un rythme toujours plus rapide. Il semble que des drogues hallucinogènes aient été employées plus tard pour éviter que le bruit des festivités du Bi-Cornu n’arrive à l’oreille des hommes d’église.

Les textes les plus anciens sur le balai ne parlent pas de lévitation. On a pensé que lorsqu’on initiait une sorcière on lui bandait les yeux, on l’enduisait d’un onguent de vol toxique et on la plaçait sur un balai. L’onguent contenait de la digitale pour accélérer le rythme cardiaque, de l’aconit pour engourdir les pieds et les mains et de la belladone ou de la ciguë pour brouiller les sens.

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