Le « Coven » de la New Forest
par Ph. Heselton version française Tof
Je ne pense pas qu’on puisse dire que ce qu’il y avait à Highcliffe en 1939
était un coven.
Tout d’abord, nous ne savons pas vraiment qui faisait partie de ce groupe. Edith
Woodford-Grimes (Dafo) était assurément impliquée. C’est elle que Gardner
appelait « la sorcière » (notez bien qu’il faisait usage de l’article défini) et
« la première sorcière que je n’aie jamais rencontrée ». Je pense qu’il est
clair que c’est elle qui a permis à Gerald Gardner de prendre part à tout ce qui
se passait. Appelons cela « sorcellerie », faute d’un mot plus approprié.
Pour les autres, je n’ai aucune certitude. Dorothy Clutterbuck peut s’être
contentée d’avoir mis sa maison à disposition sans être associée plus
étroitement au groupe de « sorcières ». Katherine Oldmeadow était probablement
dans le coup. Et Gardner indique aussi que Rosamund Sabine était aussi
assurément impliquée. J’ai également écrit que la famille Mason de Southampton
avait aussi été engagée dans cette histoire.
Nous savons qu’ils s’intéressaient à la psychologie, à la réincarnation et au
yoga et j’ai supposé que cela a commencé avec un groupe de personnes
(probablement une partie ou l’ensemble des personnes ci-dessus) qui pensaient
avoir été un groupe de sorcières dans une vie antérieure. Si tel est le cas,
certaines idées peuvent avoir été « retrouvées » par la méditation ou d’autres
méthodes. D’autres concepts peuvent avoir été inspirés de la lecture de livres
tels que ceux de Margaret Murray.
Ils peuvent très bien avoir commencé à pratiquer des rituels lors des quatre
jours divisant l’année, conformément aux écrits de Murray, mais Gardner peut
très bien avoir été leur premier initié et il est possible que dans ce cas le
rituel ait été écrit tout spécialement pour lui.
Il semble qu’ils se concentraient surtout sur le travail magique. En effet, leur
seul rituel dont nous avons connaissance est celui qui a été pratiqué en 1940
dans la New Forest pour tenter de stopper la menace d’invasion.
Ils n’avaient probablement pas de Grande Prêtresse ou de Grand Prêtre, ils
n’avaient probablement pas de textes fixes, la formation était adaptée à chaque
personne, Gardner étant formé, je suppose, par Edith et par elle seule. Gerald
Gardner prétend avoir été initié, mais, comme je le disais plus haut, il est
probable que le rite utilisé a été inventé tout spécialement pour lui et je
doute fort qu’il y avait des règles procédurales. Plus sûrement, ils étaient en
train de mettre en place de façons de faire les choses.
Je pense que ce qui s’est passé c’est qu’immédiatement après avoir été initié
Gardner a commencé à poser des questions, probablement beaucoup de questions !
Alors qu’ils pouvaient répondre à certaines d’entre elles, comme celles qui
concernaient les travaux et techniques magiques, leurs réponses sur l’histoire
ou les déités étaient plutôt vagues, car ils n’avaient pas d’histoire puisqu’ils
n’existaient que depuis quelques années. Je ne pense pas Gardner l’ait su et ils
étaient probablement trop gênés pour le lui dire alors il s’est mis à lire des
textes sur la sorcellerie et d’autres sujets connexes et peu à peu il a bâti ce
qu’il pensait être de la reconstruction historique, comme, par exemple, la
majorité de ce qu’on peut lire dans « Witchcraft Today ».
Je ne sais pas quand Gardner a commencé à utiliser le mot « coven » pour décrire
un groupe de sorcières. En février 1951 il utilisait encore le mot « culte »
alors que le mot « coven » aurait été plus approprié, même si plus tard il se
référait à l’ancien groupe (probablement à ce moment il ne s’agissait plus que
d’Edith et sa fille) en parlant du « coven Méridional des Sorcières Britanniques
».
Bien sûr il ne s’agit là que de mes premières réflexions. Nous n’en savons
encore que si peu, même si je suis en train de reconstituer progressivement
certains événements et je commence à penser maintenant que Gardner et Dafo se
sont peut-être rencontrés dans un club naturiste plutôt que lors des réunions de
la Crotona Fellowship.
Ph. Heselton est l'auteur de plusieurs livres dont « Wiccan Roots », « Gerald Gardner and the Cauldron of Inspiration » ou « Gerald Gardner and the Witchcraft Revival »