Drogues et Wica

par Tof

On le sait, les Sorcières du moyen age utilisaient des plantes hallucinogènes pour composer l’onguent verdâtre qui leur permettait de se rendre au Sabbat. On dit souvent que parmi les plantes qui le composaient, il y avait la belladone, l’aconit, le datura, la jusquiame et la mandragore. Mais qu’en était-il des Wica du siècle dernier ?

On se souvient que Taliesin, un proche de Robert Cochrane, se moquait de Gerald Gardner (après son décès) parce que ce dernier lui avait affirmé semble-t-il qu’il ne connaissait pas l’amanite tue-mouche et qu’il ne pensait pas qu’il était lié à l’ancienne religion. Mais on dit aussi que Gerald Gardner et Robert Graves (l’auteur de « La Déesse Blanche ») ont eu plusieurs discussions à ce sujet. On peut penser que la réserve inhabituelle de la part de Gardner était peut-être liée au fait qu’on « ne parle pas de ce genre de choses avec les étrangers ».

Dans la New Forest les Sorcières utilisaient deux sortes de drogues l’amanite tue-mouche et la peau de crapauds. L’amanite est hallucinogène, euphorique et avec elle on a dans un premier temps l’impression que tout est de plus en plus rapide. Plus tard au contraire, l’effet se modifie et c’est comme si le temps s’arrêtait. Les sorcières de la New Forest en mangeaient de faibles quantités à la fois et il s’agissait toujours de champignons séchés.
Pour ce qui est des crapauds, elles l’utilisaient de façons différentes. Il n’était en effet pas question de manger ces crapauds (ce sont les Français qui mangent des grenouilles) Les Sorcières de la New Forest mélangeaient la peau séchée et pillée de crapaud à certaines plantes ou encens et s’en servaient comme « encens ». Ce mélange a, semble-t-il, un effet assez proche de celui de l’ergot de seigle. Il modifierait donc la perception des sons et des couleurs mais surtout il donnerait l’impression d’avoir vécu une expérience mystique. Selon des renseignements pris sur place il y a (aujourd’hui) essentiellement deux sortes de crapauds dans la New Forest le crapaud des joncs dont la peau semble n’avoir aucun effet sur les consciences et le crapaud commun dont la peau exsude à certains endroits de son corps un suc vénéneux qui peut être responsable des effets recherchés par les sorcières de la New Forest.

Dans les différents Livres des Ombres utilisés par Gerald Gardner on trouve aussi des références aux « drogues ». On y lit par exemple que l’usage de drogues partout sur terre montre bien que l’homme en a besoin. Il y est aussi fait état de plantes comme la Mandragore tout comme le Dictamne de Crète qui furent utilisés pendant des siècles comme drogues soporifiques. On y lit aussi qu’il faut faire attention avec les drogues et qu’il ne faut pas les prendre avec excès. On y lit aussi une mise en garde contre le Chanvre et l’Amanite Tue-Mouche qui facilitant l’ouverture de l’œil intérieur on est tenté d’en prendre toujours plus.

Dans Witchcraft Today, son premier essai sur la Sorcellerie, Gerald Gardner nous parle aussi de plantes psychotropes on y lit par exemple :

On m’a dit qu’autrefois les Sorcières connaissaient une plante appelée Kat qui, lorsqu’on la mélangeait à de l’encens, ouvrait l'œil intérieur, le subconscient, mais si on n’y ajoutait pas de Sumac, une autre plante, on ne pouvait pas l’utiliser pendant longtemps car elle produisait des hallucinations. Si l’on utilisait les deux plantes correctement, il était possible de quitter son corps. Malheureusement, les Sorcières [celles de la New Forest] ne savent pas quelles étaient ces plantes, mais on dit qu’elles poussent toutes en Angleterre. On dit aussi que si un homme inspire de l’encens contenant du Kat, alors une femme lui paraîtra plus jolie, il est donc possible que cette plante contienne du chanvre.

Les Sorcières l’utilisent quelquefois dans le même but et leur mixture contient du chanvre et plusieurs autres ingrédients pour en modérer les effets. Plusieurs peuplades primitives utilisent des drogues pour élever leur esprit, la Coca en Amérique du Sud, le Peyotl au Mexique et de nombreuses autres substances. Elles ont un effet variable sur le système nerveux, provoquant ce qui serait l’ouverture de l’œil intérieur ou peut-être des hallucinations. L’alcool a pour effet d’augmenter l’intuition, comme le prouvent les comptes rendus de la Society for Psychical Research.

Un peu plus près de nous, peu après la mort de Gerald Gardner, les membres du Bricket Wood coven ont testé pour le compte du psychiatre Ronnie Laing, la mescaline et le LSD. Le coven formait la « population témoin » dans ces recherches sur l’usage des certaines drogues dans le traitement de la schizophrénie. A la date du 8 mars 1966 Doreen Valiente note :
Jack [Bracelin] a expérimenté la mescaline, le nitrate d’amyle, le LSD.25, et l'amanite tue-mouche. L'amanite fut utilisée séchée et en poudre, mais on lui a dit que le principe actif résidait dans la peau. Il s'en est suivi pour lui une relaxation extrême et une anesthésie mais on lui a dit que les conséquences de l'amanite étaient incertaines et que « ça ne marche pas toujours ». C'est avec la mescaline qu'il a eu les meilleurs résultats.
Je ne sais pas ce qu’a donné cette étude mais pour « Robert », un des membres du coven, l’expérience ne fut pas particulièrement mystique. Plus tard encore le Bricket Wood coven a testé le cannabis, mais là encore, ils n’eurent aucune illumination particulière. « Robert » a conclu de ces expériences qu’il n’y a rien à apprendre des drogues si ce n’est qu’il y a un autre niveau de réalité que l’on peut explorer par la méditation ou en appartenant à un Culte à Mystère comme la Wicca. Mais il n’y avait là rien de bien nouveau pour le coven.

Pour conclure, précisons que même si les Wica du siècle dernier connaissaient les plantes psychotropes et en usaient probablement parfois, ils le faisaient sous la supervision étroite d’une personne responsable et la quantité utilisée était strictement limitée, d’après ce qu’on peut lire dans un Livre des Ombres, car « l’usage de drogues puissantes vous laisse dans un état plus bas que celui d’un animal et vous conduit non à la vie mais à la mort » comme on peut le lire dans le Livre des Ombres du Bricket Wood coven où l’on lit également qu’il faut être très modéré dans l’usage des drogues car « si vous êtes confus, même légèrement, il ne vous sera pas possible de contrôler les pouvoirs que vous évoquez ».


 

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