Les Poils en Magie

par Arnod Crowther version française Tof


Selon Henri Heir, un écrivain du XVIème siècle, les poils du pubis et des aisselles étaient utilisés à son époque à des fins médicales et pharmaceutiques.
Des poils du pubis et des aisselles étaient cousus dans des petits sachets de soie et donnés par de jeunes femmes à leur soupirant en gage d’amour. On disait que ce cadeau était une méthode infaillible pour garder un amant fidèle et prévenant. Cette pratique persiste toujours aujourd’hui en de nombreuses régions d’Europe.
J’ai retrouvé un témoignage de cela par le biais d’une femme qui vivait en Espagne avant la seconde guerre mondiale. Cette femme avait découvert que son époux avait une aventure. On lui conseilla de consulter une vieille femme qui avait la réputation d’être une sorcière. Elle est donc allée voir la vieille femme et lui a parlé de son problème. Après avoir écouté toute l’histoire, la « sorcière » dit à mon informatrice qu’il lui fallait un charme d’amour spécial pour faire revenir son mari. La vieille femme a pris un petit sachet en tissu et y a mis plusieurs plantes puis elle a demandé à sa cliente de couper des poils de ses aisselles. La cliente dit à la sorcière que ce n’était pas possible car elle se rasait sous les bras.
La sorcière fut horrifiée et dit à mon amie qu’elle ne devait jamais faire ça car elle perdait ainsi une grande partie de son pouvoir. Mon amie a ri, puis elle a réalisé que la sorcière était tout à fait sérieuse lorsqu’elle a dit : « Il n’y a là nulle raison de rire, je ne peux rien faire de plus pour vous. Revenez me voir lorsque vos poils auront repoussé. Votre conduite stupide vous a très certainement fait perdre votre mari. »
Cette discussion inquiéta réellement mon informatrice si bien qu’elle laissa repousser les poils de ses aisselles. Dans le même temps elle s’intéressa un peu au sujet des poils. Elle a remarqué que les paysannes ne se rasaient pas et elle s’est souvenue que sa propre mère ne se rasait pas non plus. Elle en a déduit que de se raser sous les bras était une idée relativement récente qui n’a émergé qu’avec l’apparition des rasoirs de sécurité. Elle a pensé qu’essayer de se raser sous les bras avec un « coupe choux » était non seulement difficile mais aussi dangereux. Le commerce s’est emparé de cette nouvelle folie et de nombreuses crèmes dépilatoires sont apparues sur le marché. Elle a pensé ensuite que le risque de se couper avait incité les femmes d’autrefois à conserver les poils de leurs aisselles mais elle a découvert ensuite que ce n’était pas là la vraie raison. Les poils des aisselles étaient considérés comme une des parties les plus érotiques du corps de la femme. En fait, ces poils étaient considérés comme sexuellement bien plus attractifs que les seins d’une femme, seins qu’on voyait souvent en partie et même parfois dans leur intégralité. Lorsque j’étais enfant, les femmes ne se gênaient pour donner le sein à leur bébé en public. Voir une poitrine nue n’excitait pas l’homme moyen, les poils des aisselles si. C’était un peu comme un avant goût de ce qu’on pourrait trouver plus bas chez une femme.
Charles Dickens dans « The Pickwick Papers » décrit le voyage en diligence de M. Pickwick et raconte comment le pauvre homme était dérangé par le bébé, sur les genoux de sa mère derrière lui, qui hurlait sans cesse. Pickwick s’est alors retourné et a crié : « donnez-lui le sein madame ! »
Robert Burns, le barde écossais a écrit plusieurs poèmes paillards célébrant un « c… poilu » mais il ignora totalement les seins des femmes.
Les robes à manches courtes d’autrefois dissimulaient les poils des aisselles, mais la fille qui souhaitait attirer un compagnon levait les bras et montrait ses poils, sachant bien l’effet sexuel que cela aurait sur ses admirateurs.
Après deux mois mon amie est retournée chez la sorcière qui put compléter le charme d’amour. Selon mon informatrice cela a marché, son mari est revenu et ne l’a plus jamais délaissée. Elle a aussi dit que de se laisser pousser les poils sous les bras a fait qu’il était sexuellement plus attiré par elle.
Dans la sorcellerie moderne on dit que le triangle pointé vers le bas symbolise les deux seins et le triangle du pubis, mais autrefois, pour la sorcellerie il symbolisait les trois endroits du corps ou la femme était poilue, sous chaque bras et dans la région du pubis.
Dans les anciens grimoires, pour retirer ses pouvoirs à une sorcière on conseillait de l’attraper et de lui raser les aisselles. On disait que cela faisait cesser son emprise sur les mauvais esprits car aussi longtemps qu’elle conservait ces poils elle ne craignait pas les esprits.
Dans de nombreuses régions, les poils sont une protection contre les mauvais esprits. Dans les îles Aru (ndt : en Indonésie) par exemple, hommes, femmes et enfants portent des charmes et des amulettes pour chasser les maladies et les mauvais esprits. Ces amulettes sont des petits sachets contenant des objets tabous comme des cailloux phalliques, des perles, de l’ambre gris et des poils d’aisselles de femme. Pourquoi pas des poils pubiens ? La femme doit fournir volontairement les poils et l’on peut facilement couper des poils pubiens d’une femme pendant son sommeil ce qui n’est pas possible dans le cas des poils des aisselles.
De nombreuses sociétés pensent que de montrer ses organes génitaux exorcisera les démons. C’est une coutume très tenace et très archaïque dont même Martin Luther se servait lorsqu’il était tourmenté par des tentations nocturnes et des visions sataniques. Luther ne connaissait pas d’autre moyen de se défendre que de montrer ses organes génitaux et ses fesses. On pratique cela en diverses parties du monde lorsque la mort arrive car on pense que les fantômes craignent les corps nus. On pense que c’est de là que vient la nudité rituelle. Si les sorcières pratiquent nues dans le cercle c’est en partie parce ce que cela éloigne les entités néfastes. On constate d’ailleurs que dans les rituels pratiqués nus il y a moins de perturbations liées aux élémentaux que dans les rituels pratiqués vêtus.
Dans certaines parties du monde les sorcières se teignent la toison pubienne en rouge vif car c’est censé augmenter considérablement leur pouvoir d’effrayer les esprits malfaisants. Dans certaines région d’Allemagne on dit qu’on reconnaît une sorcière à la trop grande quantité de poils qu’elle a sous les bras. En les laissant pousser et en les montrant elle peut exorciser les mauvais esprits, effrayer les fantômes et ensorceler les gens. On dit aussi qu’avec de tels poils on peut faire des charmes contre les mauvais esprits. On m’a dit que parmi ces sorcières, certaines font des charmes avec leurs propres poils et les vendent. En Allemagne, pendant la guerre on m’a montré un bracelet fabriqué par une sorcière avec les poils de ses propres aisselles. C’était vraiment un travail artistique qui avait demandé beaucoup de temps et de patience. J’ai proposé d’acheter ce bracelet, mais son propriétaire à refusé mon offre car c’était un charme trop puissant pour qu’il s’en sépare.
Celui qui trouvait une sorcière commençait par raser le corps de sa victime pour y trouver soi-disant des « marques diaboliques » ou un téton caché avec lequel elle nourrirait son familier, mais en réalité, les chasseurs de sorcières croyaient réellement que les pouvoirs de la sorcière résidaient dans ses poils.
Millaeus (ndt : il en est question dans le rameau d’or) a assisté, à Toulouse, à la torture de plusieurs femmes qui n’ont rien avoué avant d’être entièrement rasées. Ensuite elles reconnaissaient la réalité de ce qu’on leur reprochait. Une femme qui avait apparemment vécu une vie pieuse fut torturée car on la suspectait de sorcellerie. Elle a supporté les souffrances avec une constance incroyable jusqu’à ce qu’elle fut entièrement rasée et qu’elle avoue sa culpabilité.
Sprenger et Cumanus, les célèbres inquisiteurs, ont rasé tout le corps de 47 femmes avant de les faire brûler. Les chasseurs de sorcières anglais avaient le droit de se livrer à cet examen rigoureux depuis que Satan lui-même dans un sermon, alors qu’il prêchait dans une église de Northberwich rassura ses fidèles en leur assurant qu’il ne pouvait rien leur arriver aussi longtemps qu’ils conservaient leurs poils. Satan était ici le leader d’un coven et ceux qui ne le savaient pas pensaient qu’il était réellement le Diable. Ainsi il est confirmé que même les sorcières croyaient que leur pouvoir était lié aux poils.
Les sorciers et les magiciens de tous les pays cherchaient à se procurer les poils, les ongles, la salive de sa victime ou des fils de ses vêtements afin de s’en servir contre lui dans sa magie. Après s’être procuré ces objets, les sorciers fredonnaient leur sort et jetaient leur malédiction sur leur victime puis ils enterraient le tout sous terre. Au fur et à mesure que tout cela pourrissait, la victime dépérissait doucement.
Lorsqu’un Aborigène australien souhaite se débarrasser de sa femme, il lui coupe des poils pubiens pendant son sommeil et les noue à sa lance Il se rend ensuite dans une tribu voisine et donne la lance à un ami qui la plante dans le sol chaque soir devant le feu de camp. Lorsque la lance tombe au sol, c’est le signe que la femme est morte.
Certaines personnes s’intéressant à l’occulte ont vu dans l’histoire de Samson et Dalila une allégorie liant la perte des poils à la perte de ses pouvoirs. De telles histoires, croient-ils étaient transmises pour que le secret de la magie utilisant les poils ne se perde pas entièrement et que les futurs étudiants de l’art magique puissent retrouver la signification réelle se cachant derrière la fable.
On a dit que de nombreuses sociétés orientales demandent à leurs femmes de s’épiler intégralement pour éviter qu’elles n’aient du pouvoir sur les hommes. C’est peut être vrai car là où la coutume est très rependue les femmes sont en général traitées comme des objets.
Aristophane nous raconte qu’à Hellas l’épilation était surtout pratiquée par les prostituées dans les bordels, mais que les femmes de la haute société ont ensuite adopté cette mode. A Rome, des femmes s’épilaient pour sembler plus jeunes qu’elles ne l’étaient en réalité mais la majorité des matrones romaines refusaient de se prêter à cette pratique.
Le Coran affirme que les gens sont impurs s’ils ne se rasent pas le corps et raconte comment le Roi Salomon refusa de coucher avec Bilkese, la Reine de Saba jusqu’à ce qu’elle se soit entièrement épilée. La légende veut que la toison pubienne de la reine pendait jusqu’aux genoux. Cela peut sembler quelque peu exagéré mais cela peut exister car au Soudan les femmes ayant une toison pubienne descendant jusqu’aux genoux sont traitées avec le plus grand respect. Salomon étant lui-même un grand magicien il connaissait bien sûr le pouvoir magique lié aux poils et demanda sans doute que la reine s’épile plus pour limiter ses pouvoirs que pour faciliter leur union.
En Angleterre une des plus anciennes manières de se défendre contre la sorcellerie est d’utiliser une « bouteille sorcière. » Lorsqu’un homme pensait être ensorcelé, il prenait une bouteille, il y mettait de ses poils, de ses rognures d’ongles et de son urine et plaçait le tout dans un feu. Lorsque la bouteille explosait on pensait que la sorcière était morte ou au moins que le sort était brisé. Parfois ces bouteilles étaient accrochées dans la cheminée dans les vieilles maisons à la campagne pour protéger ses habitants contre la sorcellerie. On retrouve parfois de telles bouteilles chez les antiquaires mais elles sont rapidement achetées par les collectionneurs.
Les poils de femmes ont toujours été considérés comme de puissants outils magiques. On en retrouve un exemple dans la cordelette de poils nouée à l’os de mort des Aborigènes australiens. Le pouvoir de provoquer la mort réside, pense-t-on, dans le poil et l’os n’est là que pour diriger la puissance. L’os de mort le plus puissant est celui qui est fait à partir des poils de l’avant bras d’une femme morte. Du côté émoussé de l’os on attache une corde de poils humains finement tressés, des poils de femme. La corde fait environ 90cm et est fixée à l’os par une substance résineuse ressemblant à de la poix. Elle provient du spinifex du bush et on l’obtient en brûlant du spinifex séché. Lorsque le feu s’est éteint on souffle sur les cendres et les résidus sont pétris en une petite boule noire. Les poils sont attachés à l’os lorsque la substance est encore chaude et elle durcit en refroidissant. Ces os sont, dit-on, extrêmement mortels dans les mains d’un magicien habile.
Lorsque l’os est terminé, l’assassin se rend dans le bush où il s’assied dans une position rituelle et pointe l’os en direction de sa future victime. En faisant cela il balance l’os d’avant en arrière en psalmodiant un chant. Un tel chant a été traduit ainsi :
Que ton cœur se brise en morceaux
Que ta colonne vertébrale se fende en deux
Et tes côtes se brisent en morceaux
Que ta tête et ta gorge se fendent en deux.
On pense que cela envoie une sorte d’os « fantôme » dans le corps de la victime. L’os est ensuite brûlé et le chant est chanté une fois encore. Le cœur de la victime sera alors transpercé par l’os fantôme et elle mourra peu après.
Tout le monde sait que si on brosse des cheveux cela produit une certaine quantité d’électricité statique mais une forme d’électricité (appelez cela comme vous voulez) bien plus puissante peut être produite en brossant des poils pubiens ou des aisselles. En les caressant doucement cela produira aussi cette puissance. Ce fut une des techniques qu’utilisaient les anciens pour faire de la magie.
Au début du XXème siècle les poils étaient considérés comme laids et pas très agréables ce qui a poussé de nombreuses femmes à s’épiler. Les hommes n’ont jamais apprécié cela et ne furent jamais embarrassés à la vue de poils sous les aisselles. Est-ce qu’il s’agit là d’une méthode subtile de priver les femmes de leurs pouvoirs ?
Les femmes se sont mises à faire du sport, des clubs naturistes sont apparus, il y a eu le MLF, les femmes ont commencé à ignorer ce que les femmes corsetées pensaient des poils et ont recommencé à laisser pousser leurs poils. Les poils des aisselles sont une partie du corps humain aussi normale que les sourcils. Les femmes sont plus libérées, cela peut provenir de la magie des poils.

 

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