Avec l’Aide de la Haute Magie
Chapitre IX – Sur le Chemin du Retour (1)
par Gerald Gardner
version française Tof & Xavier
C’était le dernier jour du voyage de retour de Thur et Morven et ils pensaient atteindre St Clare en Walden vers midi. Le temps était au beau fixe et tous deux chevauchaient très proche l’un de l’autre pour pouvoir parler à voix basse et ne pas être entendu. Tous ces jours, sans cesse, elle lui avait posé des questions sur Jan Bonder et l’histoire tragique de sa maison, sa mère, les aventures de Thur et enfin, sur le sujet le plus grand de tous, l’art magique. Thur parlait maintenant avec ardeur, presque comme s’il se parlait à lui-même, en racontant sa première tentative, l’épreuve d’Olaf dans le cercle magique et l’ordre de l’esprit invoqué qui était venu par la bouche du garçon: « Cherchez la Sorcière de Wanda.
- Et ce fut votre première tentative ? » a-t-elle demandé.
« Oui, parce que je n’avais pas les instruments nécessaires ni la possibilité de les fabriquer. Tu as les deux couteaux et j’ai donc été invité à te rechercher. Avec ces couteaux je peux faire le burin et l’épée magique, les pentacles et les talismans. Ce sont des clefs précieuses qui ouvrent grand toutes les portes.
- Et je ne peux pas vous aider pour le grande œuvre ?
- J’ai besoin de ton aide. Tu m’as dis que tu ne faisais pas de magie aux sabbats.
- Certains en font, mais pas ceux avec qui on parlait ma mère et moi » a dit Morven. « Nous parlions beaucoup de plantes et de remèdes, des façon de vaincre la maladie et il y avait un grand livre dans lequel nous notions toutes nos expériences.
- Pas plus ? J’avais l’impression que des hommes de toutes sortes étaient là.
- Oui c’est vrai. Nous étions tous frères, mais lorsque de nombreuses personnes se rassemblent, on s’assemble par affinité de pensée et de sujet de discussion. On peut penser ce qu’on veut. J’aimais rester à côté de ceux qui étaient instruits et qui parlaient beaucoup des grands anciens.
- Des Sarrasins ?
- Des Grecs. Il se disait que ces Grecs adoraient quelque chose qui s’appelle la démocratie, qu’ils voyaient comme la fraternité des hommes.
- Mais les Grecs avaient de nombreux esclaves.
- Oui c’est ce qu’on dit, ce n’est que lors des sabbats des sorcières qu’il y avait une véritable démocratie ... un mot étrange, Thur. »
Il lui en a expliqué la signification. « Que disaient-ils d’autre mon enfant ?
- Que les Grecs connaissaient mieux l’amour, la beauté et la bonté que les autres hommes avant et ou après eux.
- Oui. Ils maitrisaient de nombreuses sciences et il n’y a eu que peu de joie ou de beauté dans le monde depuis que la Sainte Eglise a écrasé les anciens dieux et les a transformés en démons.
- Ils disaient aussi que la science des sorcières venait secrètement de ces mêmes anciens dieux. Les sorcières grecques pouvaient faire descendre l’esprit de la lune.
- Artémis ? »
Elle lui a lancé un regard admiratif. « Vous êtes vraiment un homme instruit, Thur. Oui, Artémis. Elle pouvait révéler l’avenir et aider à gagner l’amour des hommes. Nous avions l’habitude d’invoquer Ardrea. La fille d’Artémis.
- Comment faisiez-vous ça ?
- Assis en cercle avec un petit tambour que nous utilisions pour la danse. Le tambour était placé au centre et nous placions nos doigts légèrement sur la peau du tambour et nous posions nos questions à Ardrea. Elle répondait oui ou non, en faisant vibrer le tambour. Nous étions avertis de certains dangers et recevions de nombreux bons conseils de cette façon.
- Mais c’est vous qui faisiez vibrer le tambour » dit Thur en riant.
- Non, non ! Nous ne bougions pas nos mains, mais elle ne répondait pas à tous le monde. Nombreux étaient ceux qui devaient essayer plusieurs fois avant qu’elle ne réponde ! »
Pour Thur ce n’était que des peccadilles, il savait faire bien plus et il fronça involontairement les sourcils. Un peu timidement, elle a dit : « Certaines sorcières qui étaient là pouvait lire l’heure de votre mort sur votre visage ou connaitre votre destin. Elles me promettaient toujours des chagrins qui seraient suivie par la joie… et des chagrins j’en ai eu beaucoup.
- Oui, pauvre petite.
- Il y avait d’autres qui s’endormaient et les esprits entraient dans leur corps et parlaient par leur bouche mais pas de la voix de ceux qui dormaient. Les femmes pouvaient parler avec la voix d’un homme et les hommes avec celle d’une femme.
- Ah, » s’écria Thur plus intéressé « et que disaient-ils ? »
Elle haussa les épaules. « Pas grand-chose, je le crains. Ils nous avertissaient de dangers ou de malheurs. Ce qu’ils prédisaient se produisait, mais il me semble qu’ils auraient mieux fait d’éviter de prédire des désastres. Quand ils se réveillaient ils ne se souvenaient plus de ce qu’ils avaient dit.
- J’en ai entendu parler et ils ont leur utilité.
- Il y avait des gens qui se penchaient sur une flaque d’eau ou une pierre magique et y voyaient ce qui se passait au loin et nous étions donc avertis de tout danger imminent. C’est grâce à cela que nous nous en sommes sortis pendant longtemps, même si chaque année nous étions moins nombreux alors que la haine de nos ennemis augmentait et qu’ils venaient à nos rencontre avec des hommes en armes pour nous arrêter... mais, étant prévenu, nous nous dispersions avant leur arrivée. Ils disaient que c’est le diable qui nous avait prévenus.
- As-tu ces pouvoirs, Morven ? Nous en avons vraiment cruellement besoin. »
Elle secoua la tête tristement. « Non, Thur, je donnerais n’importe quoi pour les avoir, mais ils disait que j’aidais en donnant le pouvoir de mon corps. Ma venue a été comparée à l’ouverture des vannes d’un moulin à eau pour le pouvoir qu’elles donnent pour faire des merveilles. »