Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  VIII –  Londres est une belle Ville (3)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

Jan a noté avec excitation que sa dame de la chasse au faucon était assise au centre du gradin principal, sous un dais de bois doré d’où partaient des festons de fleurs et des rangées de petites bannières fixée à une corde et formant une sorte de tonnelle. Le bois brut du gradin était recouvert de tapisseries et de tapis habilement cousus que les croisés avaient ramené d’orient et d’une valeur inestimable. Tout cela avait un aspect vraiment somptueux et les bannières qui flottaient au-dessus de leurs têtes et les banderoles portant des blasons et des devises de toutes les couleurs connues, surpassaient presque l’éclat des vêtements de l’auditoire. Comme certains magnifiques émaux de Limoges, ces joutes de Smithfield brillaient du magnifique vert émeraude de l’herbe de printemps sur le bleu profond du ciel éclairé par le soleil.

Aujourd’hui, la dame de Jan était vêtue de blanc et d’argent, ses vêtements miroitaient sous le soleil à chacun de ses mouvements. Un chapelet de roses blanches couronnait ses cheveux noirs comme la nuit et elle portait un voile d’argent en dessous. Ils ont appris qu’elle devait accorder le prix du tournoi et qu’elle était la dame de Lord Jocelyn de Keyes.

« Elle est en effet d’une très grande beauté » a soupiré Jan, et, comme elle l’avait entendu elle a tourné vers lui ses yeux bleus noirs à la profondeur insondable, ce qui a fait rougir Jan tout en faisant naitre un petit sourire sur ses lèvres. Parmi toutes les dames, elle était de loin la plus belle, et au milieu de tout cette débauche de couleurs et de positivité, elle était un pâle emblème de l’insaisissable. Cela explique pourquoi tous les regards des hommes se tournaient vers elle avec désir... ce qui était exactement l’effet auquel elle souhaitait parvenir.

Lorsque la joute a réellement débuté ils ont découvert qu’il s’agissait d’un spectacle réservés à quelques privilégiés... ceux qui sont assis de chaque côté de la joute. Ils pouvaient voir chaque chevalier pendant qu’il chevauchait jusqu’au côté opposé, ils pouvaient le voir tourner et pousser son cheval pour qu’il charge, la visière baissée et la lance couchée. Ils admiraient la poussée foudroyante et entendaient le choc de la rencontre qui semblait même faire trembler la terre. Ils entendaient les applaudissements des spectateurs et la jubilation des vainqueurs, mais ils ne pouvaient pas voir le combat en lui-même, l’instant du choc entre les deux combattants et après vu une demi-douzaine de fois la répétition de la même scène, ils se sont lassé d’autant plus qu’ils ne connaissaient aucun des combattants et ne se souciaient donc que fort peu de leur sort.

C’est ainsi qu’ils ont passé la journée à danser, chanter, tirer à l’arc, faire la fête et admirer les différents spectacles, et lorsque les frères Bonder ont quitté l’endroit au début de l’après-midi la plus grande partie de la foule était toujours là et y resterait longtemps encore après la tombée de la nuit.

Nos quatre amis avançaient dans les près jusqu’à ce qu'ils arrivent à Westminster. La magnifique Abbaye d’Edouard le Confesseur avait encore malheureusement besoin de nombreuses réparations et alors qu’ils la regardaient, l’un des frères est venu à eux. C’était un vieil homme, avec un visage doux et bienveillant, aux yeux myopes et scrutateurs. Lorsqu’ils ont pénétré dans l’église, il les y a suivis et il devint bientôt leur guide. Il leur raconta son histoire, en soulignant avec un grand enthousiasme sa perfection par rapport à tous les autres bâtiments. C’est grâce à lui qu’ils ont découvert le palais du Canut qui se trouvait non loin et comme il était ami avec l’un des gardiens, ils ont pu y jeter un œil. Ils ne furent pas très impressionnés même si le vieux frère, plongé dans le passé et dans les anciennes traditions, leur a fait remarquer des détails avec un enthousiasme né de sa longue fréquentation des lieux.

Mais Jan avait sa propre notion de ce que devait être un château et ça n’avait rien à voir avec ce palais, alors qu’Olaf préférait de loin la nature, et comme le faisait remarquer Frère Carol avec fierté, le Palais du Canut était bien pale à côté de la splendeur du Westminster Hall.

Ensuite, ils ont erré jusqu’à la rivière, d’où, venant d’un petite rangée d’échoppes, s’échappait une odeur de cuisine des plus appétissante. Ca faisait longtemps que midi était passé et ils avaient faim. En se rapprochant, ils ont découvert que ces magasins vendaient des aliments cuits de toutes sortes, aussi bien pour les bourses des riches que celles des pauvres. Des serviteurs arrivaient avec des plats couverts et repartaient avec du gibier rôti et des volailles. Des ménagères avec des paniers achetaient selon leurs moyens.

Ils ont commandé un repas sans plus tarder, apprenant que ces échoppes de nourritures étaient ouvertes jour et nuit afin que les voyageurs puisse être satisfaits à toute heure. Ils ont mangé un plat excellent en regardant couler la Tamise et ont échafaudé des plans de retour pour le lendemain.

« Ma petite réserve d’argent a fondue, » a dit Thur « et toi et Olaf vous devez y aller, Jan, si je ne veux pas me fâcher pour toujours avec votre mère. » Ils ont acquiescé à contrecœur.

Ils ont ainsi quitté le Sanglier Bleu au lever du soleil et pris leur petit déjeuner dans l’une de ces échoppes vendant de la nourriture, puis ils se sont dirigés vers la porte orientale de la ville. « C’est dommage de nous séparer, » a dit Olaf exprimant le sentiment de tous.

« Ne pourrions-nous pas revenir ensemble comme lorsque nous sommes partis ? » a demandé Jan.

« Mieux vaut pas. Quelques jours de plus opéreront une vraie magie sur Morven et chaque jour de plus l’éloigne de qui nous savons. Nous allons voyager tranquillement, avancer lentement jusqu’à la maison."

Ils se séparèrent : les frères Bonder ont grimpé sur leur cheval et ont continué leur route, laissant Morven et Thur toujours assis sur l’herbe. Plusieurs fois, ils ont regardé derrière eux jusqu’à un virage de la route qui leur bouchait la vue.

 

 

 

 

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