Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  VIII –  Londres est une belle Ville (2)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

Un jeune homme grand et corpulent, d’environ une vingtaine d’année, qui semblait être le leader d’une douzaine hommes du même âge, venait de retirer sa flèche de la cible, elle n’était qu’à un pouce du mille. « Oh, beau tir, » s’écria Jan de si bon cœur et si spontanément que Thur et Morven se sont tourné vers lui pour le regarder avant se regarder l’un l’autre. Jan et Olaf applaudissaient de bon cœur et le jeune homme que ses amis appelaient Kit les a d’abord regardé avec arrogance, comme l’aurait fait un maître orfèvre de Londres face à un apprenti. D’autres membres du groupe ont à leur tour tiré leurs flèches avec un succès très médiocre, et faisant un pas en avant avec une apparente nonchalance et un sourire très condescendant, Kit a tiré une autre flèche. Il a raté le centre de très peu.

« Oh, excellent ! » s’est écrié Jan à nouveau et cette fois le jeune seigneur a souri en entendant les applaudissements.

Jan était maintenant debout près de Kit et involontairement il a tendu la main vers l’arc que lui tendait gracieusement Kit en proposant aussi une flèche tirée de son carquois, que Jan a pris en remerciant. Morven et Thur ont vu que Jan avait changé. Son impatience et son mécontentement habituel face à la vie faisait qu’il marchait le dos voûté, mais maintenant il se tenait droit. Ses yeux sont devenus alertes et vifs, sa bouche souriait, il était plus facile à vivre et ouvert. Morven a noté que sa position mettait en avant sa grande taille et sa silhouette musclée, et à ce moment elle a réalisée qu’à sa manière il était aussi beau qu’Olaf.

Jan a tendu son arc et envoyé sa flèche qui a atteint le centre exact de la cible. Puis il a tendu l’arc à Olaf avec un sourire sollicitant et désarmant à Kit qui hocha la tête et a tendu une autre flèche. Celle d’Olaf a atterri juste à côté de celle de Jan.

Un concours avait maintenant lieu entre les trois personnes et Kit fut définitivement battu. Peut-être n’était-il pas si populaire parmi ses compagnons et que c’était un chef que les autres ne suivaient pas de bon cœur ? Ils semblaient heureux du succès des frères Bonder, que Kit appréciait de moins en moins.

Enfin, Olaf, voyant comment tournaient les choses a tiré Jan par la manche en indiquant du regard le combat qui devait se terminer.

« Merci beaucoup, mon ami», a dit Jan, toujours avec son nouveau sourire. « Ce fut un honneur pour un paysan comme moi de tirer contre un si bon archer. »

Morven n’avait pas imaginé que Jan Bonder puisse être gracieux et elle le regardait d’un regard approbateur, les lèvres légèrement entrouvertes, alors que Thur s’étonnait également devant ce changement. L’affaire se serait terminée heureusement si Thur n’avait pas murmuré malicieusement à Morven: « Si c’est là notre vrai Jan, pour l’amour de Dieu, qu’on s’occupe de Fitz-Urse et que chacun retrouve son bien. » Son rire a retenti spontanément, long et à gorge déployée.

Kit était mécontent à la fois parce qu’il avait été battu alors que jusque-là il avait régné en maître et aussi parce que ses amis avaient encouragé ses adversaires et qu’en plus il pensait que le rire était provoqué par sa propre déconvenue. Il voulait se défouler sur quelqu’un. Il a arraché la dernière flèche de son carquois et en tendant l’arc à Morven il lui a dit d’une façon très désagréable : « Allez ma belle, à ton tour. Comme tu ris c’est que tu dois être meilleure que nous tous. »

De nombreuses femmes pouvaient tirer à l’arc, même si on leur niait toute compétence en la matière, mais Morven n’avait aucune expérience de ce sport. Elle a reculé d’un pas et n’a même pas tenté de prendre l’arc tout en regardant Kit avec consternation.

« Allons ma belle. Vas-y, belle comme tu es » a raillé Kit.

Morven s’est rapidement préparée à faire face à un danger potentiel. Elle a récupéré une apparence de sang-froid et a écarté l’arc et la flèche. « Ce n’est pas mon arme.

- Non ? » a demandé Kit poliment. « Et tu as une arme favorite ? »

Cet échange lui a fait retrouver un peu du prestige qu’il avait perdu auprès de ses amis et Kit était dans son élément lorsqu’il s’en prenait à quelqu’un sans défense. Thur, Jan et Olaf mimaient l’insouciance mais en réalité ils étaient fort inquiets et ce demandaient comment cela allait évoluer. Thur maudissait secrètement leur rencontre avec le groupe d’archers lorsque Morven s’avança vers la cible, elle sorti son couteau avec une soudaineté surprenante, et sans effort apparent, elle l’a lancé au centre de la cible. Jan et Olaf ont regardé abasourdi et Thur a cligné des yeux rapidement une fois ou deux.

Kit fut déconcerté et il l’a montré. Il semblait vraiment détester Morven. « Beau travail » a-t-il éructé. « Plus par chance que par habileté, j’imagine. »  

Morven était en furie et a fait un geste rapide vers son couteau. Kit recula, mais pas avant qu’elle n’attrape le couteau de Kit et le lance dans la cible et qu’il se plante à côté du sien. Puis elle s’est retournée et a regardé Kit droit dans les deux yeux. Sans un mot, il s’est dirigé vers la cible, a arraché les deux couteaux et les lui a rendu. En présentant à Morven son couteau par le manche il a dit : « C’est un bon truc, ma belle, tu es forte. »

Morven a pris le poignard, l’a rangé et a souri pour remercier mais n’a fait aucune remarque et en mettant la main à son chapeau pour saluer tout le monde Kit a rejoint ses compagnons.

Les amis de Morven s’étaient groupés autour d’elle, la pressant de question à voix basse. Où avait-elle appris à lancer le couteau de la sorte?

« Oh, » dit-elle « les matelots me l’ont appris et la pratique m’en a donné la compétence. C’est facile, il ne faut qu’une main ferme et un bon œil.

« Je l’ai déjà vu faire en Espagne, mais rarement en Angleterre. » leur a dit Thur. Les frères  Bonder ont déclaré qu’ils allaient s’y essayer et Morven leur a dit : « Fabriquez-vous une cible en paille et entrainez-vous car si vous le jetez maladroitement sur quelque chose de dur, comme un arbre, vous risquez de casser la pointe de votre couteau. »

Une fanfare de trompettes a fait cesser la discussion en annonçant l’arrivée du premier chevalier. C’était un personnage splendide en grande tenue de combat, chevauchant un lourd cheval presque entièrement recouvert de tissus de drap bleu et argent. Deux écuyers chevauchaient derrière, l’un portant son casque, l’autre son bouclier et sa lance. Il fut accueilli par les applaudissements des gens qui s’étaient éloignés des divers autres attractions et s’alignaient de chaque côté du terrain de joute.

A partir de ce moment il y a eu un afflux continu de spectateurs et de participants, des nobles, des membres de la petite noblesse, des gros marchands et des roturiers, jusqu’à ce que chaque place des gradins soit occupée et le tournoi prêt à commencer.

 

 

 

 

Retour