Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  VII –  Ils arrivent à Londres (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

Le souper était presque prêt lorsqu’ils ont pénétré dans une auberge située dans un gros village. Les serveurs et les serveuses étaient en train de prendre des tréteaux et des planches placés contre les murs de la salle et en faisaient une longue table au milieu de la pièce. Des ragoûts, des rôtis et des pains cuisaient sur une plaque en fer placée sur des braises dégageant une odeur de noisette, une odeur caractéristique du pain cuit de la sorte. Il y avait aussi de la bière ... riche, brune et forte, un repas à elle toute seule.

De la vaisselle en étain, des plats, des coupes et des bols ... tous étaient rustiques, mais il y avait beaucoup à manger et à boire, et la nourriture avait été bien cuite et était des plus appétissantes. Au milieu de la longue table il y avait un gros tas de sel et les convives mangeaient avec leurs doigts après avoir coupé les viandes avec leurs dagues.

L’animation du service a fait cesser les conversations et la plupart des convives se sont rangés le long des murs pour permettre aux serveurs de se mouvoir facilement. Thur et Morven se tenaient juste derrière la porte. En traversant la salle Olaf était une fois de plus impressionné par les changements survenus en Morven. Elle était toujours d’une extrême minceur, mais sa peau avait perdu son apparence boueuse et tout en étant encore incolore, elle était de plus en plus claire et transparente. Sa bouche n’était plus marquée par la douleur, mais semblait calme et patiente, bien dessinée et généreuse, mais elle était toujours pâle comme un linge. Il a à nouveau constaté comme son visage était bien dessiné mais peut-être que le plus grand changement se trouvait dans ses yeux. Avant ils avaient l’air si faibles, enfoncés, hantés par la terreur qu’ils étaient comme ceux d’une personne en train de mourir sous la torture. Maintenant, ils semblaient être plus profond chaque jour et briller, radieux sous la courbe de ses belles paupières.

Olaf s’émerveillait devant de la couleur de ses cheveux, aucun d’eux trois n’en avait vu de semblables auparavant, c’est pour cela qu’elle gardait toujours son capuchon sur ses cheveux, mais ses sourcils avaient une teinte délicate brun rouge, de même ses cils, très sombres à la base, palissaient peu à peu en montant et étaient couleur rouge or à leur extrémité. Olaf les trouvait vraiment remarquables, un cadre approprié pour l’ambre brun de ses yeux. Morven ressemblait à quelqu’un qui avait été confronté de très près à la mort, qui en avait échappé et qui récupérait peu à peu. Elle aurait pu passer pour une jeune fille délicate, sa croissance semblait s’être arrêtée, il y avait en elle une étrange asexualité et donnait l’impression d’être ailleurs mais ce n’était pas de la pureté mais plutôt une absence de ce qu’il faut pour être soit bonne soit mauvaise.

En réalité, il s’agissait d’une immense lassitude liée à une expérience que son corps et son esprit étaient incapables d’assimiler. Olaf était trop jeune pour comprendre tout cela, mais il le sentait vaguement. Tout ce qu’il pouvait comprendre c’était l’effet qu’avaient eu pour Morven la persécution et l’isolation qui découlaient de cette obsession de l’Eglise pour la sorcellerie. Il ne le savait pas, mais il avait gagné une grande intrépidité spirituelle lors de son expérience dans le cercle magique de Thur. En quelques minutes il avait acquis un grand courage spirituel et intellectuel et avec lui une liberté de pensée contre laquelle l’Eglise combattait avec toute sa puissance. C’est cette liberté d’esprit que l’Eglise considère comme son ennemi le plus dangereux et ces quatre personnes avaient une très grande liberté de pensée. Olaf l’a acquis lors d’un flash de compréhension, bien trop tôt pour quelqu’un de son âge. Morven l’avait par héritage, par son éducation et suite aux persécutions. Thur l’avait grâce à ses capacités mentales, ce qu’il avait appris et développé. Jan en disposait mais de façon modérée par sa révolte contre ce qu’il considérait comme une injustice personnelle, par sa morosité et son entêtement ... et par ressentiment pour tout dire, et Olaf, à travers l’épreuve qu’il avait vécu.

Lors de la dernière semaine, il était passé de l’état d’enfant à celui d’homme qui réfléchi, il avait été brutalement chassé de l’enfance par sa sympathie pour une autre personne. Il était hanté par la nécessité de protéger et secourir Morven, ou du moins, d’y prendre totalement part. Il n’y était poussé que par sa compassion, car lorsqu’il l’a vue pour la première fois, elle avait paru aussi repoussante qu’abandonnée. Qu’elle devienne chaque jour plus attrayante était plutôt la récompense de la vertu que la cause de cette vertu. Certes, lorsqu’elle lui souriait maintenant, il ne faisait plus aucun lien entre elle et la Sorcière crasseuse de Wanda.

Ils avaient prévu de rester entre eux et de se retirer immédiatement après avoir soupé, car ils voulaient partir de bonne heure le lendemain matin et ils ne voulaient pas se faire remarquer. Ils ont donc soupé et passé les heures qui ont suivi sans discuter avec les autres clients. Le lendemain ils se sont réveillés avec le soleil et sont partit, il faisait beau. Cela les rendait heureux, surtout qu’il semblait bien qu’ils n’étaient pas poursuivis. Ils étaient près à affronter leur avenir dans une brume rosâtre. Il y avait de nombreux villages éparpillés autour de Londres et la campagne était belle, à la fois vaste et variée, ainsi la capitale semblait être plantée au milieu d’un grand jardin.

Des hauteurs de Hampstead, ils ont regardé la vallée fertile et les splendeurs de la grande cathédrale, qui se révélaient à eux dans l’air cristallin de la belle journée, sa surface brillait ici et là lorsque le soleil frappait la pierre qui venait d’être taillée. Ils la regardèrent plein d’admiration et d’émerveillement que l’homme puisse concevoir et bâtir un tel édifice, car l’ampleur de sa conception et la beauté de ce que les artisans avaient réalisés n’avait d’égal nulle part ailleurs. De là où ils étaient, adouci par la distance et l’atmosphère particulière anglaise, la cathédrale avait une teinte nacrée. Elle semblait être un amoncellement de pierres sculptées et empilées. Si solide... et pourtant elle semblait s’envoler dans le bleu intense du ciel et semblait être ainsi le trône de Dieu lui-même.

 

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