Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  V –  L’Aide de la Lune (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Ils ont chevauché toute la nuit, sans s’arrêter ni se reposer, ni manger, jusqu’à l’aube. C’était deux jours après la pleine lune et jusqu’à présent Thur n’avait jamais apprécié combien il était important que cet « astre secondaire » soit favorablement dans un thème astral. Il savait que dans le sien la lune était favorable et il regardait la dame argentée pour qu’elle l’aide dans cette situation terrible.

Elle fut là pour lui. Elle s’est levée claire et brillante avec splendeur et même si elle apparaissait plus tard tous les soirs, elle était guidée par une loi immuable et sa ponctualité ne fut pas entravée par les nuages. Elle les a guidés sur la route, sur les chemins d’herbes, dans les champs et les forêts où sa lumière pouvait pénétrer dans les branches qui se balançaient alors qu’elle n’aurait pu le faire un mois plus tard lorsque le feuillage des arbres serait plus dense. Toujours vers le sud ouest, elle les a guidés toute leur semaine de fuite, sans jamais briser la promesse de cette première nuit, quand à l'aube, elle les conduit dans une épaisse forêt où ils étaient en sécurité et ils descendirent de cheval.

« Nous  devons rester ici jusqu’à la nuit » a déclaré Thur. « Hey, Vada ... » et il passa son bras autour d’elle, car au moment où elle a mis pieds à terre ses genoux se sont dérobés sous elle de fatigue et sans cela elle serait tombée. « Hey, ma fille, appuies-toi sur moi. Nous t’en avons trop demandé. Allons ! Courage ! Nous n’avons plus grand grand-chose à faire avant de nous reposer et manger. Jan, attrape-la et aide-la. Aide-la à se coucher quelques instants, je dois d’abord vérifier que tout est tranquille autour de nous. Viens avec moi, Olaf » et Thur est retourné au bord de la route, où il a choisi un endroit d’où il pouvait voir la route sur près de deux kilomètres dans les deux sens tout en étant lui-même dissimulé. « L’un d’entre nous doit toujours être ici à surveiller » a-t-il dit.

« Pourquoi ? » a demandé Olaf. « Si nous sommes dans les bois, personne ne peut nous voir.

- On voit bien que tu n’as jamais été soldat » a dit Thur en riant. « Un soldat veut toujours savoir qui le poursuit ! Je ne crains pas les hommes en armes mais s’ils envoient des forestiers, ils suivront notre piste là où nous avons quitté la route et ils tomberont sur nous sans que nous nous y attendions. Ou, si c’est un shérif avec ses archers à cheval, ils ont toujours des chiens pisteurs avec eux, et ils pourraient nous suivre partout. Mais ce que je crains le plus, ce sont coursiers envoyé devant nous sur notre route pour monter les gens contre nous. Alors, fait le gué ici, Olaf, bien caché, si tu vois l’un d’entre eux dis-le moi, nous devrons fuir rapidement. Je vais te laisser maintenant. »

Il est donc retourné auprès de Jan et Vada, qui a essayé de se lever à son approche mais elle s’est effondrée à nouveau dans ses bras en disant avec un sourire ironique: « Si je peux avoir quelque chose à manger, tout ira bien, » ce qui fit glousser Jan agacé par sa propre négligence. Vada avait chevauché à ses côtés toute la nuit, elle était resté muette mais recherchait tacitement sa compagnie et il n’a pas vu sa détresse de plus en plus grande, pas plus qu’elle ne lui en a parlé, sachant qu’ils étaient en danger. Bien que Jan ai été distrait et concentré sur lui-même, il se montrait bienveillant pour l’humanité dans son ensemble, à l’exception de Fitz-Urse.

« Je ne suis qu’un imbécile » a-t-il dit à Thur. « J’ai oublié qu’elle n’était qu’une femme.

- Son esprit pourra faire face à tout les dangers, mais son corps est mort de faim, nous aurions dû y penser. »

Jan s’est précipité vers Vada et la porta à moitié en lui murmurant des paroles d’encouragement tout en se reprochant son manque de compréhension. Jetant un regard vers son visage, plus blanc que jamais sous la lumière blafarde, il vit des larmes sur ses joues luisantes, la compassion des hommes l’avait tellement émue et soulagée, elle n’était pas habituée à la pitié, elle ne pouvait pas retenir ses larmes. En progressant de la sorte ils sont arrivés à une toute petite clairière entourée de grands arbres et de buissons. Au centre il y avait une mare forestière à côté de laquelle poussait un if et le sol était recouvert de feuilles oranges de hêtre séchées que le vent avait fait tourbillonner et entassé.

« Nous ne pourrions pas avoir mieux que cela » a déclaré Thur, et si nous faisons un feu de bois sec sous cet if, il dissimulera notre fumée. Vada peut se reposer ici pendant que nous préparons à manger. » Il la posa doucement sur un tas de feuilles et elle resta les yeux fermés, les paupières douloureuse et laissa couler ses larmes. Elle cherchait à dissimuler, à elle-même et à ses camarades, sa faiblesse qui lui était venue si brusquement et elle refoulait ses sanglots qui secouaient sa poitrine. Elle ne comprenait pas ce qui provoquait tout cela, sans voir qu’il s’agissait des effets de l’excitation, la peur et l’appréhension car elle savait très bien ce qui l’attendait si elle était capturée. Tout cela agissait sur son esprit et son corps et la privait de sa maîtrise d’elle même, mais pas de son courage.

 

 

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