Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  IV – La Sorcière (5)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier  

 

A ce moment Jan s’est hâté de diriger son cheval vers le bord de la route et ils ont chevauché dans la prairie. La ville s’étendait devant eux, une vue belle et plaisante à la lumière du soir.

Thur leur a montré un groupe de peupliers qui poussait à même pas cent mètres de la route à leur gauche. « Allez vous abriter tous les trois sous les arbres jusqu’à ce que je revienne. Là vous serez bien caché. Je vais en ville pour acheter de quoi boire et manger et des vêtements d’homme pour Vada. Si je ne suis pas revenu dans une heure, repartez sans moi. Olaf! Descends de cheval et laisses Jan prendre ton cheval pendant que tu te caches dans un fossé et surveilles pour voir si ces vermines n’arrivent pas, mais je ne pense pas qu’ils puissent être là en moins d’une heure et demie. Ils se sont épuisés en tirant très mal, en courant et en criant.

- Thur, laisse-moi y aller » supplia Jan.

« Non, je suis discret et j’ai plus d’expérience. »

Ce disant, il s’est éloigné rapidement tandis qu’Olaf cherchait un endroit sûr pour faire le guet. Jan et Vada trottant lentement jusqu’aux peupliers en conduisant le cheval d’Olaf. Ils sont descendu de cheval et se sont assit sous les arbres, adossés contre un tronc abattu. Le silence se fit entre eux, Jan cherchait en vain quelque chose à dire. Il craignait que Vada prenne ombrage de son silence, mais plus il y pensait moins il trouvait quoi dire, jusqu’à ce qu’il entende un petit soupir et qu’en tournant la tête il constate que Vada s’était endormie. Même dans son sommeil on voyait encore qu’elle avait connue privations et souffrances. Jan détourna les yeux parce que ce qu’il voyait n’était pas agréable et elle s’est mise à pousser des gémissements qui le chagrinaient. Il fut soulagé quand Thur fut de retour, trottant vers eux  avec Olaf qui le suivait en courant.

Vada se réveilla lentement : « Vous n’êtes même pas resté absent une heure, Thur » a dit Jan. Il a remarqué que Thur était de très bonne humeur et avait trouvé un quatrième cheval qu’il menait par la bride et sur lequel il avait placé ses achats. Il jeta un paquet au pied de Vada. « Voila madame, passez derrière les buissons et enfilez ces vêtements. Oui il n’y a pas dans toute l’Angleterre d’homme plus rapide que moi pour faire des achats! » Lorsque Vada eut disparu, Thur a commencé à transférer ses biens sur le nouveau cheval. « La pauvre Nan elle n’a eu aucun repos » a-t-il dit « et elle appréciera de porter quelqu’un de plus léger que moi. Cette jument est fraîche et dispos et je l’aime bien.

- Comment es-tu tombé sur elle? » lui a demandé Olaf.

« Un coup de chance, il y avait une foire aux chevaux à cinq minutes à pied de la porte de la ville. Il vaut mieux naître chanceux que riche ... qui vient par ici? »

Une personne soignée vêtue de brun roux s’approcha d’eux, tenant deux couteaux contre sa poitrine.

« Ces couteaux sont notre bien le plus précieux, Vada, nous ne pouvons rien faire sans eux », dit gravement Thur. « Pourtant, ils sont très dangereux pour toi et s’il étaient trouvés en ta possession ils scelleraient ton destin. Vas-tu me les confier?

- Oui bien sûr » a-t-elle répondu avec empressement.

Thur les prit toujours enveloppés dans le tissu blanc et dit Olaf de détacher son manteau de la selle. Quand ce fut fait, il enveloppa le couteau dans les plis du manteau et le remis en place en l’attachant solidement.

« Je te remercie, Vada. Ta confiance est bien placée. Maintenant, toi, Olaf, écoutes, et obéis sans poser de questions. Je te confie ces couteaux, ramène-les en toute sécurité dans ma maison puis rends-les à Vada. C’est une charge solennelle mon garçon et si nous sommes poursuivis, tu dois fuir et les mettre en sécurité. Ce n’est qu’après que tu pourras revenir pour voir si tu peux nous aider. Ces couteaux ont des marques sur la poignée et la lame qui hurlent ‘magie!’ aux oreilles de ceux qui nous cherchent et ce serait le bûcher pour nous tous si on les trouvait sur nous. Sans eux, nous pouvons passer pour des voyageurs pacifiques. Il est donc de ton devoir de ne pas laisser ces preuves tomber entre leurs mains, mais d’apporter ces couteaux en toute sécurité chez moi. Vas-tu le faire fidèlement?

- Que Dieu m’en soit témoin » a répondu solennellement Olaf.

« Bon. Nous avons perdu un temps précieux. Allons maintenant. Il y a encore deux bonnes heures avant la tombée de la nuit. »

Ils sont montés sur leurs chevaux et étaient sur le point de quitter l’abri des peupliers quand ils ont entendu un bruit de voix venir de la route. En attendant, ils ont vu une foule en haillons et aux pieds lourds avancer dans le crépuscule. Il y avait deux moines parmi eux marchant de chaque côté de John Landlord qu’ils semblaient surveiller.

« Ils s’éloignent » souffla Thur. « Quelle chance que nous soyons encore cachés. »

Landlord semblait les suivre à contre cœur et les moines avaient quelque difficulté à le faire se hâter. Tout cela à cause de leurs exhortations acerbes à se montrer un bon fils de la Sainte Église en aidant à tuer de façon vraiment barbare la femme qu’il aimait. Par son refus obstiné il retardait le cortège et attirait sur lui toute l’attention. Peut-être que John Landlord n’était-il pas aussi bête qu’il en avait l’air.

« Pauvre homme! Que vont-ils faire de lui? » murmura Vada, en se tordant les mains.

«Pas grand-chose » ricana Thur doucement. « Je défie le pape lui-même et toute l'assemblée des cardinaux d’obtenir un mot sensé de sa part.

- Je n’ai pas eu cette impression.

- Oh, vous avez un pouvoir que Sa Sainteté n’a pas » a dit Thur en souriant puis ils se turent, regardant passer le cortège sans que personne ne jette même un coup d’œil vers là où ils étaient cachés.

Thur détacha son manteau et le jeta à Olaf. « Enroule-le sur ta tête et cache ton costume vert », a-t-il commandé, et comme Olaf obéissait Jan s’est dépêché d’enlever son capuchon bleu. Puis ils sortirent avec précaution de leur abri et menèrent leurs chevaux au petit galop pendant un peu moins d’un kilomètre. Personne ne les suivait et atteignant la route principale ils ont galopé aussi vite que le pouvaient leurs chevaux.

           

 

 

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