Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  IV – La Sorcière (4)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier  

 

Olaf, qui seul était resté sur son cheval, se pencha maintenant sur sa selle. « Hâtez-vous! Je vois un groupe d’hommes ... armés d’arcs » et bien qu’il parlait à voix basse, Vada a entendu.

« Partez, partez! » a-t-elle crié. « Vous voyez le mal vous m’avez déjà fait. »

Thur posa une main ferme sur son bras. « Calmez-vous, Maîtresse. » Ce n’est pas nous qui vous ferons du mal, le mal a déjà était fait la dernière fois quand ils sont venus chercher s’il n’y avait pas de sorcière. Ils sont revenus pour vous. Hâtez-vous, vous ne pouvez pas rester ici ou alors vous allez périr. Venez avec nous et vous trouverez sécurité et confort. Faites-moi confiance et je ne vous trahirais jamais. »

Il y avait tant de conviction dans sa voix qu’à nouveau elle s’est arrêtée. Elle a regardé Jan, qui était resté silencieux : « Est-ce qu’il vous aide? 

- Oui maîtresse, il m’aide beaucoup et je vous prie de m’aider également, » a répondu Jan.

Olaf a insisté. « Les gens quittent le forêt et viennent par ici. Certains ont des torches.

- Décidez-vous maintenant! » l’a exhortée Thur.

« Venez, Maîtresse, il n’y a rien dont vous ayez besoin dans la cabane? Sinon, faites-vite! » Jan était remonté en selle. « Mettez votre pied sur ma botte et montez devant moi! 

- Ils viennent pour de bon » averti Olaf. « Thur, hâtez-vous pour l’amour de Dieu.

- Maîtresse, Maîtresse, vous scellez votre destin par ce retard. Pensez à ce qu’il sera! » s’est écrié Thur.

Tout à coup, Vada saisi la bêche et se précipita dans un coin du jardin et a commencé à creuser frénétiquement. Le terrain était dur et les coups de pelle maladroits. Thur a couru à elle. « Venez » a-t-il dit, « Je vous achèterais tout ce qu’il faut.

- Les deux couteaux de ma mère ! » dit-elle en haletant.

Thur compris en un éclair. L’instant d’après son épée à la main et il était près d’elle et creusait lui aussi. « L’un à un manche blanc et l’autre un manche noir ? »

Elle hocha la tête. Ils avaient déterré une boîte grossière faite dans une chute de bûche de bois. Dedans il y avait les couteaux à manche noir et blanc que Thur cherchait depuis vingt cinq ans. Ils étaient enveloppés dans un linge blanc et Vada les serra contra sa poitrine.

Thur rangea son épée, prit Vada par la main et, la saisissant par la taille, l’a fit monter devant de Jan, puis sauta sur son propre cheval.

« Par où va-t-on ? » a dit Jan à l’oreille de Vada.

« Tu nous guides, Jan » a crié Thur « baissez-vous ! 

- Droit devant. Suivez la rive, a indiqué Vada.

De nombreuses voix leur ont crié d’arrêter. Deux flèches ont sifflé au dessus de leur tête alors que les chevaux excités se sont mis à galoper comme des fous, ils étaient bien reposés et fougueux. Heureusement aussi, seuls deux des hommes avaient encordé leurs arcs. Deux autres flèches ont sifflé ... l’une s’est plantée à l’arrière de la selle de Jan, l’autre a failli frôler cuisse d’Olaf. Il a fallu une demi-minute à ceux qui avaient des arcs pour les encorder, puis vint le whirr vicieux ... whirr ... kaplock ... kaplock des flèches, suivi par un whizz plus profond d’un trait d’arbalète. Ils ont galopé avec leurs têtes touchant presque l’encolure du cheval. Jan courait le plus de risques car il était juste derrière Vada et leurs poursuivants le prenaient pour cible. La pluie de flèches était continue, mais ils y ont échappé, c’était un vrai miracle ... ou était-ce que la plupart des archers voulaient manquer leurs cibles?

Puis ils sont arrivés à l’endroit où le lac coupait leur route, courbés devant eux, Thur gémit de consternation, Olaf sifflait, Jan grinçait des dents.

« Tout droit à travers les roseaux » souffla Vada. « Ce n’est pas profond, on ne court aucun risque. »

Témérairement Jan passa le premier. Son cheval s’est enfoncé dans l’eau jusqu’aux sangles de sa selle, mais il réussi à retrouver son équilibre et marcher sur le fond de l’eau, suivi par les autres. Les roseaux les gênaient et ralentissaient leur progression et ils devaient forcer le passage alors que les flèches sifflaient de façon horrible au dessus de leur tête. Jan avait un drôle de sentiment, il pensait qu’un mauvais tireur aurait pu être plus dangereux qu’un bon. Très vite ils furent au-delà des roseaux et si l’eau était plus profonde, ce qui obligeait les chevaux à nager, les saules formaient un écran qu’ils appréciaient beaucoup. Les poursuivants déconcertés se tenaient sur le rivage, criant leur fureur et souhaitant mort et damnation à ceux qui leur échappaient.

Maintenant les pourchassés étaient hors de portée, l’eau devenait moins profonde et la terre se trouvait seulement à quatre cent mètres devant eux, bordée par une autre ceinture de saules. Ces quelques centaines de mètres ne présentaient pas de grandes difficultés et les chevaux avaient pieds. En sortant de l’eau Thur s’est retourné et a vu avec satisfaction qu’il ne pouvait plus voir leurs poursuivants sur la rive. Mouillés et mal à l’aise, mais en sécurité, ils chevauchèrent côte à côte.

Vada dit : « On traverse deux champs et nous sommes sur la route de la ville.

- Oui madame, que doit on faire? Nous comptons sur vous pour nous guider » a déclaré Thur.

« Quand nous atteindrons la route nous seront à six kilomètres en amont du point où les autres chemins se rejoignent. Ils suivront car ils savent que nous ne pouvons pas emprunter d’autre chemin, mais comme ils n’ont pas de chevaux, ils doivent faire demi-tour et prendre l’autre route.

- C’est bien. Nous avons alors une avance de six kilomètres. A quelle distance se trouve la ville?

- Environ douze kilomètres. 

- Si nous nous rendons en ville dans cette tenue cela fera beaucoup parler » a dit Jan

« C’est hors de question »  a dit Vada rapidement. « Vous êtes tous mouillés, avec une jeune mendiante elle aussi trempée et elle a les pieds nus, nous risquons d’être arrêtés et interrogés.

- La fille a raison » a dit Thur. « Que pouvons-nous faire, Vada? Tu connais la région?

- Autant que je peux marcher. A un kilomètre et demi de la ville il y a une route conduisant vers l’ouest. Nous devons chevaucher vite et loin jusqu’à ce qu’on arrive à nouveau à la forêt. Je ne sais pas où c’est... et nous devons voyager de nuit.

- Peste soit de ce plat pays! » s’est exclamé Thur.

« Je ne devrais pas craindre les hommes de Wanda, mais il y avait deux moines parmi eux, et ils ne vont pas renoncer à leur chasse aux sorcières avant d’avoir trouvé une victime » leur a dit sombrement Olaf.

« Des moines, tu dis? » a demandé Thur en fronçant les sourcils d’un air consterné. « L’affaire se corse. Ils vont ameuter le pays contre nous et propager cette histoire de hameau à hameau ... et obtenir de l’aide dans tous les foyers religieux.

- Mais pour le moment ils sont à pieds et à six kilomètres derrière nous » a dit Jan en essayant de se rassurer.

« Oui, mais ce sont des chasseurs et ils peuvent marcher à un rythme soutenu » leur a dit amèrement Vada.

 

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