Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  III – A la Recherche d’une Sorcière (3)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

« Les esprits ont dû les traîner depuis l’enfer » a dit Olaf en souriant. « J’ai bien envie de me baigner dans cette eau là-bas. Viens Thur, cela va te débarrasser de tes toiles d’araignées. »

Ils ont tous enlevés leurs vêtements et plongé dans l’eau. Une demi-heure plus tard ils étaient couchés au bord de l’eau pour se sécher au soleil. Puis, pendant qu’Olaf abreuvait les chevaux et s’occupait d’eux, les deux autres emballaient la nourriture et peu après ils reprirent leur route.

« Voilà » dit Olaf après une pause « Vous croyez à cette histoire où les sorcières dansant autour du diable un jour de sabbat noir ?

- Oui, je crois ce que j’ai vu! »

- Tu n’as pas vu ça?

- Si et j’ai dansé avec les plus belles d’entre elles.

- Tu n’as pas osé faire ça! » dit Olaf en étouffant mais en regardant tout de même Thur avec admiration et émerveillement, alors que Jan restait bouche bée de peur.

« En effet j’ai osé, quand j’étais étudiant à Cordoba. Le Docteur Henriques Menisis da Mendosa nous a enseigné la magie. Je vous parlerais de lui une autre fois, mes amis et je voulais mettre en pratique ce que nous apprenions mais nous n’avions pas les instruments ni les moyens de les fabriquer. Notre maître, le Docteur Henriques n’avait pas non plus les instruments puisqu’il n’enseignait que la théorie...

- C’est un peu comme un fermier sans bêche ou sans charrue » l’a interrompu Olaf.

« De toute façon nous avions besoin de l’athamé d’une sorcière pour fabriquer nos outils. Nous sommes donc allés au sabbat pour essayer d’en emprunter un ... Le rassemblement se tenait dans un lieu secret, un lieu à chaque fois différent. Nous avons juré le secret et nous y avons été conduits les yeux bandés par un guide masqué. Lorsque nous sommes arrivés à proximité du lieu de la rencontre on nous a demandé de mettre nos bâtons entre les jambes et de le chevaucher comme un cheval-bâton et d’aller ainsi jusqu’à la piste de danse.

- Pourquoi cela? » a demandé Jan

« Parce que leur dieu, qu’ils appellent Janicot, qui est le dieu des cultures, du bétail et de la fertilité, demande que tous accomplissent cet acte de culte devant lui. Les femmes utilisent souvent un manche à balai, car c’est plus pratique mais tout bâton fera l’affaire, même un manche de hache ou une simple canne à la rigueur. "

« C'est simple » souffla Jan pendant que Thur éclatait de rire.

« Qu’est-ce qui s’y est passé? » insista Jan.

« Nous avons regardé, en restant ensemble, car nous n’étions pas à l’aise. Il y avait une roche ou grande pierre qui avait été disposée de façon à servir d’autel sur lequel était assis le prêtre principal de Janicot, il était vêtu de fourrures. Il portait un masque cornu et avait une torche allumée fixée entre ses cornes. On lui portait des enfants nus et ils étaient initiés. Puis ils s’agenouillaient devant lui pour lui rendre hommage. Il les bénissait et leur donné la Liberté de la Fraternité.

- Lui ont-ils embrassé la queue? » a demandé Olaf avec impatience.

Thur semblait quelque peu agacé. « Non, comment auraient-ils pu? Il était assis dessus et même une sorcière ne peut pas embrasser à travers une pierre. C’est une fable stupide inventée par l'Église!

Puis il y a eu quelques rites auxquels nous n’avions pas eu le droit d’assister car ils n’aiment pas les inconnus qui ne sont pas initiés et ils nous tenaient à distance. Après ces rites,  auxquels j’aurais vraiment voulu assister, nous nous sommes assis par terre en dégustant ce que nous avions apporté. Beaucoup de vin fut versé, nous avons beaucoup discuté et chanté des chants dans une langue étrange dont nous ne connaissions pas l’origine... l’ancienne langue des sorcières. Des grands feux étaient allumés et après avoir festoyé et chanté pendant quelque temps nous avons dansé nus près de ces feux. Certains dansaient en couple, parfois dos à dos, d’autres en rondes autour du feu. Certains ont fait l’amour et les danses devenaient de plus en plus sauvages et furieuses.

- Comment cela s’est-il terminé? » a demandé Jan en regardant Thur avec le plus grand respect puisqu’il était le héros de cette aventure extraordinaire.

« Je n’ai jamais pu m’en souvenir... à l’époque... ou depuis, mais c’était agréable, ça a duré longtemps et nous avons tous dormi à poings fermés pendant le cours du lendemain. De ça je me souviens bien.

- Y es-tu retourné? » a murmuré Olaf.

- Deux ou trois fois, mais c’était très dangereux, on risquait la torture et le bûcher si nous étions pris et nous n’arrivions pas à trouver ce que nous cherchions, nous avons cessé d’y aller.

- Je ne savais pas que la magie était enseignée dans les écoles » a dit Jan après une pause pendant laquelle il a tenté en vain d’assimiler l’étonnante expérience de Thur.

« Moi non plus » l’a coupé en Olaf qui semblait de plus en plus mature. « Est-ce que la Sainte Église autorise de telles choses? Cela me semble étrangement en contradiction avec son enseignement. »

Thur rit : « Pourtant, la réponse est simple, l’Art Magique ne peut être pratiqué que par celui qui est instruit et l’enseignement n’est accessible que par l'Église. Frère Stephen… » Il s’arrêta.

 

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