Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  III – A la Recherche d’une Sorcière (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Le lendemain matin, à trois kilomètres de la ville, Jan et Olaf attendaient Thur. Ils étaient sortis discrètement alors qu’il faisait encore sombre et ont traversé à la nage le fossé entourant la ville pour éviter le danger de passer devant le garde à la porte de la ville. En raison de leur ressemblance avec leur père décédé, Jan avait toujours peur que quelqu’un remarque la ressemblance et même s’il savait que personne ne les aurait trahis, il savait aussi que les paysans aiment beaucoup les commérages et cela pouvait présenter un réel danger. S’ils étaient reconnus, la nouvelle arrivera tôt ou tard à Fitz-Urse et il les ferait chercher, juger et pendre comme hors la loi. Ainsi, lors des premières chaleurs d’une aurore de mai, ils étaient assis dans les buissons au bord du chemin, se prélassant sous le faible soleil de l’aube. Les coups de froids qui avaient récemment dévasté la terre avaient disparus, mais il ne faisait pas vraiment chaud avant neuf heures.

« Voila une belle journée de printemps », a déclaré Olaf en s’étirant. Il était encore pâle et marqué par son expérience de la veille.

Jan approuva : « Oui, l’hiver a été long et fatigant. Je pensais qu’il ne s’arrêterait jamais. Comme je déteste nos conditions de vie rustique!

- Pourtant, nous sommes mieux lotis que d’autres.

- C’est vrai, mais ça ne rend pas notre sort plus agréable. Nous sommes nés pour connaitre un meilleur sort.

- Voila bien le problème » dit Olaf en riant. « Notre mère n’était que la fille d’un fermier et notre père un soldat errant.

- Notre grand-père était Sir Edgar, anobli par le Roi Henri lui même, et nous étions des seigneurs terriens depuis des siècles. Tout allait bien jusqu’à ce que ce maudit Fitz-Urse nous spolie. » Olaf soupira, il est dommage de gâcher une belle matinée de mai avec ces souvenirs lugubres. Pour sa part, il jugeait qu’il valait mieux oublier le passé puisqu’il semblait n’y avoir aucune solution dans l’immédiat. « Ce sont les hasards de la guerre », a-t-il commenté avec douceur.

« La guerre! » siffla Jan plein d’une fureur contenue. « C’est un fou et un foutu assassin, je serai vengé avant de mourir. 

- Avec l’aide de Dieu, mon frère.

- S'il nous a oubliés alors je chercherai de l’aide ailleurs.

- Cette conversation est plus susceptible de causer notre perte que de faire avancer nos affaires. Où est Thur ? Il devrait être ici maintenant.

- Je peux entendre le martellement de sabots au loin. Cela doit vouloir dire qu’il est proche.

- Cette sorcière que nous cherchons. Peut-elle nous aider ?

- C’est une question à poser à Thur. Il a quelque chose en tête, je ne suis pas sa nounou.

- Il s’est vraiment passé quelque chose de terrible, Jan. Une sorte de peur rampante ignoble qui semblait vouloir étouffer et écraser la vie était sortie de moi, comme si j’étais pris par des grands serpents qui cherchaient à m’étouffer. Je tremble en pensant à ce qui se serait passé si mon esprit s’y était laissé piéger. Je ne me souviens de rien, mais je me rappelle que j’ai presque causé votre perte à tous les deux.

- Oublies ça, mon garçon » l’a exhorté Jan. « Je ne cesserai jamais de me reprocher de t’avoir laissé le faire. Ton courage est incroyable et tu as gagné toute ma gratitude, mais la faute me revient. »

Un discours qui a placé un sourire de satisfaction sur le visage d’Olaf. Il a arraché un brin d’herbe et s’est mit à le mâchonner. « Je l’ai fait de mon propre gré et tu n’aurais pas pu m’en empêcher. Mais nous sommes en train de nous embrigader dans quelque chose dont nous ne savons pas grand-chose, nous devrions chercher à en savoir plus sur ce que Thur à en tête: Les Sorcières sont des personnes imprévisibles.

- Tu lui as posé la question? Ce que tu as fait t’en donne le droit, mais pour ma part je lui fais totalement confiance.

- Moi aussi. Il était l’ami de notre père et ça me suffit, mais je n’aime pas marcher sans savoir où je vais. »

Jan s'est tourné vers Olaf. Certes, il semblait avoir muri et être plus réfléchi depuis son expérience. Il espérait vraiment que l’esprit de l’enfant n’avait pas subit de dommages, mais à ce moment Thur arrivait à leur côté. « J’ai été retardé …

- Par quelles mésaventures? »

Thur a ri. « Par un homme avec un mal de tête! Je lui ai donc arraché sa dent et je l’ai renvoyé, miaulant comme un loup avec un mal de ventre! Puis j’ai dû aller voir Tom Snooks pour qu’il s’occupe de tous les malades pendant mon absence. Je lui ai dit j’ai été appelé chez mon jeune frère qui était malade.

- J’avais peur que certains de ces Frères puants reviennent nous tourner autour »  dit Jan en riant. « Bon en selle. Nous avons un long voyage devant nous! »

Ils ont démarré un peu comme s’ils étaient en vacances. Leurs chevaux étaient en bonne santé, c’étaient des animaux robustes. Les trois personnes avaient pris tout le nécessaire pour un long voyage, car ils ne savaient pas combien de temps ils seraient sur la route. Comme la journée était chaude, leurs lourds manteaux étaient roulés et ils avaient attaché à leurs selles du pain, du fromage, une grosse tourte à la viande et de la bière dans une gourde en cuir qui se balançait contre les genoux de Thur.

Jan et de la Thur étaient bien vêtus de vêtements en bon drap brun, avec des vestes et bottes en cuir souple, alors qu’Olaf avait un vêtement vert sous sa veste. Son capuchon était du même vert que celui de ses vêtements avec à l’avant une bordure écarlate qui accentuait la blancheur de sa peau et ses cheveux blonds frisés. Le capuchon de Jan était d’un très beau bleu de la Vierge, un cadeau de sa mère pour son dernier anniversaire, dans l’espoir qu’il l’aide à oublier ses ambitions et à gagner sa place au Paradis. Le capuchon de Thur était d’une teinte plus sobre, rouge brun, un peu comme sa tenue, mais en dépit de l’éclat de ces capuchons, ils les avaient repoussés vers l’arrière en raison de la chaleur et les hommes chevauchaient nu-tête. Chacun avait une épée solide et un poignard, car en ces temps troublés du règne du Roi Jean, plus personne n’osait se déplacer sans armes.

 

 

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