Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre XX - Tous les Chemins Mènent à Rome (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Cette nuit-là Jan et Olaf étaient assis dans le boudoir pendant que Morven pleurait en cherchant à s’endormir dans la pièce à côté. « Je ne sais pas quoi faire maintenant, » répétait sans cesse Jan. « Je pensais que lorsque j’aurait pris le château et vengé la mort de mon grand-père, toute l’histoire aurait été terminée. Je vois clairement maintenant qu’il y aura une suite. J’ai toujours demandé conseil à Thur et maintenant je ne vois pas ce je dois faire ensuite.

- Proclame-toi seigneur de Dunbrand, de Clare et de la région environnante. Demande à tous de te payer les fermages, personne n’osera refuser, et s’ils devaient le faire, tu pourrais les combattre, » lui conseilla d’Olaf.

« Fitz-Urse tenait sa terre du roi, » a dit Jan « Que fais-tu de ça ?

- Jean sans Terre a déjà assez d’ennuis.

- Mais, comme Fitz-Urse était son vassal, il risque de ne pas apprécier ce qu’on lui a fait.

- Non, » répondit Olaf. « Selon moi, depuis qu’il a assassiné Arthur de Bretagne toute la Normandie est contre lui et il n’a pas le temps de s’occuper du menu fretin comme nous. Et même s’il le faisait, nous avons les parchemins et nous savons nous servir de la magie maintenant, nous pourrions alors appeler Bartzebal qui nous a déjà donné de bons conseils la dernière fois et nous ferons ce qu’il dira.

- Oui, il a dit au pauvre Thur ce que nous devions faire et tu as vu ce qui est arrivé à Thur ?

- Non, il ne nous a pas dit pour Thur, mais nous le lui avions pas demandé. On lui avait juste demandé comment prendre le château, ce que nous avons fait. Nous avons piégé Fitz-Urse sans son avis et c’est comme ça que Thur est mort, ce sont les risques de la guerre, nous avons tous couru ces risques. » Les yeux d’Olaf étaient mouillés de larmes, mais il a continué : « Bartzebal nous a toujours donné de bons conseils, depuis qu’il nous a fait chercher la Sorcière de Wanda.

- Tu veux dire que nous devrions chercher les parchemins et essayez à nouveau d’invoquer Bartzebal ? » a demandé Jan.

« Oui, et si tu doutes de tes pouvoirs, demandes Frère Stephen. Morven a dit qu’il a fait des merveilles dans le cercle, et qu’il pourrait aussi nous faciliter les choses dans d’autres domaines car il est dans de bonnes dispositions à notre égard... ou du moins vis-à-vis de Morven. En plus les hommes disent que monseigneur l’abbé ne fera rien sans son conseil. »

C’est ainsi que deux jours plus tard Jan, Morven, Simon Pipeadder, son fils et six hommes ont chevauché vers Saint-Clare. Ce fut une journée agréable, mais ils étaient bien silencieux. Ils sont arrivés en vue de la ville au cours de l’après-midi, toujours sans beaucoup parler. Jan a dit : « Vous m’attendrez ici pendant que je vais voir ce qui se passe. Qu’un homme se poste ici dans ces buissons, là il peut voir à plus d’un kilomètre dans les deux sens tout en étant invisible. Il pourra ainsi vous avertir si les autres arrivent en force. Les autres, mettez-vous à l’abri là-bas avec vos chevaux et si vous être poursuivis, disparaissez dans la campagne sans vous faire voir.

Je vais en ville. Si je ne suis pas de retour au coucher du soleil, que Simon et un autre viennent me chercher et vous retournez au château en toute hâte, il faut le conserver à tous prix. »

Voilà ce qu’a dit courageusement Jan, mais en arrivant aux portes de St. Clare, il n’était plus aussi sûr de lui. La garde était plus vigilante que d’habitude et elle avait été doublée. Ils interceptaient des personnes et les interrogeaient, mais ils laissaient passer la plupart des gens sans leur poser de question. Comme il s’approchait, un des soldats l’a reconnu puisqu’il venait souvent. « As-tu des nouvelles ? » a demandé le soldat avec impatience.

« Des nouvelles de quoi ? 

- Des combats. Il se raconte que Dunbrand a été pris d'assaut et que Fitz-Urse a été tué, mais personne ne sait qui a fait ça, si c’est des ennemis venant de l’étranger ou un baron de la région.

- Nous avons de nombreuses guerres dans notre ferme, » a dit Jan en riant, « mais nous nous battons contre des rats et d’autres nuisibles de ce genre. Est-ce vrai pour Dunbrand ? C’est un château bien défendu, ce doit être un grand guerrier qui en est venu à bout.  

- Si tu n’en sais pas plus, alors passe ton chemin » a dit le soldat déçu, et Jan a continué lentement vers la maison. Alice Tchad était une bonne commère, elle lui racontera tout ce qu’elle savait sans se faire prier. Lorsque la maison fut en vue, il aperçut des mules attachées à l’extérieur et il s’est dit qu’Alice et Tom devait avoir des patients venant de loin, mais il fut vraiment stupéfait de voir que c’était le sous-prieur de Saint Ethelred et qu’il était assis à une table et parcourait certains livres et manuscrits de Thur. En face de lui se trouvaient deux moines avec des couteaux qui grattaient le texte des parchemins puis les passaient à la pierre ponce pour pouvoir les réutiliser.

En examinant un des trésors de Thur, le sous-prieur a dit : « Ce ne sont que les poèmes d’une femme grecque, Sappho. Quand j’étais jeune, je pensais qu’ils étaient amusants, mais maintenant je pense qu’ils ne valent pas peine d’être conservés. On ne va pas les garder pour l’abbaye, » et il poussa le livre du côté de ceux dont on effaçait le texte. Le cœur de Jan a fait un bond quand il a vu les livres, mais il s’est calmé quand il s’est souvenu que les parchemins magiques avaient été cachés dans un lieu sûr. Puis par terre il a vu l’épée magique de Thur avec d’autres instruments rangés dans un sac, mais il n’y avait pas les parchemins.  

Le sous-prieur s’est tourné vers Jan qui lui cachait la lumière du jour. « J’ai cru que c’était Frère Stephen, » dit-il, « vous ne l’avez pas vu ? 

- Non, » répondit Jan en s’avançant. « Mais que faites-vous dans la maison de Thur Peterson le médecin ?  

Le sous-prieur a répondu : « C’était la maison de Thur le médecin avant sa mort, mais maintenant elle appartient à l’abbaye de St. Ethelred, mais qui êtes-vous pour me questionner ainsi mon fils ? Etiez-vous un ami de Thur ? Savez-vous ce qu’il a fait de ses parchemins ? Sont-ils cachés dans quelque endroit lieu secret ? »

Jan réfléchit. Evidemment la nouvelle de la prise du château était arrivée jusqu’en ville et ce prêtre en savait peut-être encore plus, en tout cas il savait que Thur était mort. Jan n’arrivait pas à comprendre comment c’était possible.

« J’étais un de ses patients et aussi un peu son ami. Je ne sais rien de ses livres et parchemins. J’en ai juste vu certains sur ses étagères mais je ne sais pas de quoi ils parlent.

- Hum, c’est vraiment regrettable, » murmura le sous-prieur presque pour lui. « Réfléchissez, jeune homme. Est-ce que Thur n’a jamais dit devant vous que par son art, il pourrait faire retrouver la jeunesse ? On dit qu’il avait une vieille femme ici et que par son art, il l’a fait rajeunir.

- Je ne connais que deux femmes ici, sa nièce, qui est jeune en effet et Dame Alice, qui à ma connaissance est toujours âgée.

- Eh bien, » grommela le sous-prieur. « Il se dit que Thur était un bon médecin, il devait donc avoir un tel savoir, mais peut-être craignait-il de s’en servir ? N’a-t-il jamais consulté les astres, hein ?  

- Peut-être, mais je n’en sais pas plus, » a dit Jan.

- Hey, Maître Je-Sais-Rien, » a dit le sous-prieur, « vous n’avez pas répondu à ma question. Qui êtes-vous ? Quel est votre nom ?

- Jan, »

Le sous-prieur l’a regardé d’un regard songeur. « Frère Stephen a dit qu’un certain Jan allait venir d’ici peu. Connaissez-vous Frère Stephen, hein ?

- Je le connais, » a répondu Jan.

« Alors pas de tergiversations, répondez honnêtement, êtes-vous Jan de la famille Bonder, celui que nous recherchons ? Venez qu’on vous voit mieux, vous êtes le portrait craché du vieux Sir Edgar. Je l’ai connu quand j’étais enfant.

- Je suis Jan de la famille Bonder, » a répondu farouchement Jan alors que sa main glissa vers son épée. Il pourrait facilement se frayer un chemin et se mettre hors de porté de ces quelques moines.

« Je suis heureux de vous connaitre, mon fils. Frère Stephen nous a conté vos exploits et nous a dit que vous alliez venir. Le seigneur abbé implore votre présence, il espère que vous veniez rapidement. Il vous accueillera avec tous les honneurs, il doit parler avec vous de choses de la plus haute importance. » 

 

 

 

 

 

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