Avec l’Aide de la Haute Magie

 

Chapitre I – Avec l’Aide de la Haute Magie (3)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

- Je vois ce que vous voulez dire. » a dit lentement Jan. « Si Olaf n’a pas peur. 

- Je veux le faire. » a répondu Olaf.

- Non, non » a protesté Jan « je ne veux pas… mon propre frère.

- Je suis résolu. » a répété tranquillement Olaf et Jan a gardé le silence.

« Si Olaf a le courage de le faire ce n’est pas dangereux (c’est ce qu’on m’a dit). » a dit Thur « Ne laissez pas la terreur vous saisir sinon vous allez paniquer. Si nous ne sommes pas dérangés, nous pouvons réussir. Si non… au moins nous obtiendrons des conseils qui pourront nous être utiles.

- J’ai vraiment peur » a dit vaillamment Olaf, « mais je vais chasser la peur et pour l’amour de Jan, et celui de son grand désir, vous pouvez faire de moi ce que vous voulez. J’obéirais en toutes choses.

- Alors n’ai pas peur, brave garçon. Je te donnerai un puissant talisman. » a dit Thur, déjà occupé avec un pot et une grande baignoire. « Déshabillons-nous tous maintenant et baignons-nous dans cette eau consacrée. »

Cela fait, Thur a ensuite tracé des grands cercles sur le sol, l’un dans l’autre et en dehors il a tracé un grand triangle. Tous furent circonscrits de noms mystiques. Ensuite il a versé de l’eau sur la tête d’Olaf en disant :

« Aspergus earn nomini, hyssop mundabitur, lavabus eam, et super nivem, delabatur » puis il a accroché un talisman autour de son cou. Les mots avaient un son réconfortant et Olaf se sentait fortifiée par eux, mais les mots terribles qui suivirent ont terrorisés son âme mais aussi son esprit, ils semblaient venir d’une vaste caverne et la voix n’est pas celle de Thur, mais ressemblaient plus à un tonnerre qui explosait et faisait reculer toutes les résistances, une puissance terrible commandant l’obéissance.

« Orphial, Anial, Ormageon! Venez, Bartzebal, Bartzebal ... VENEZ! »

Olaf a été menée dans le Triangle et Thur lui a bandé les yeux avec une bande de tissus noir et il lui a lié les mains et les pieds ensembles et lui a demandé : « Comme tu es aveugle et ne peux voir que la lumière que je te donne, de même je te lie à un espace où tu ne puisses être l’objet que de ma seule volonté. Avec cette épée, j’invoque sur toi la protection de Bartzebal, pour que nulle force du ciel, des enfers ou de sous terre ne puisse agir sur toi, à part les forces que je vais invoquer en toi.

Avec cette épée je pique ton cœur pour que ton corps soit un temple de Mars et je t’ordonne de répéter après moi: ‘J’invoque les pouvoirs de Mars pour qu’ils se manifestent en moi, Amocramides Ancor.’ »

La voix enfantine d’Olaf s’est fait entendre nettement, il a adopté un ton chantant : « J’invoque les pouvoirs de Mars pour qu’ils se manifestent en moi, Amocramides Ancor. » Il se tenait debout, fermement à l’intérieur du triangle.

C’est alors qu’a débuté un rituel où des gémissements et des bruits semblaient jaillir autour de lui du début des temps. Le bandeau autour de sa tête, pourtant attaché lâchement, semblait être un étau de fer. Il avait l’impression que sa tête allait éclater et se fendre en deux et il en était de même pour ses poumons et le bruit sourd de son cœur semblait vouloir faire éclater sa poitrine. C’était une peur pure et sans mélange d’une telle intensité qu’un homme ne pouvait en faire l’expérience et continuer à vivre. Peur! Et s’il meurt, lors de ce rite maudit, même le Christ Lui-même ne pourrait le sauver de la damnation éternelle.

Une grande brume noire s’est massée à la base de sa colonne vertébrale et elle s’est mise à grimper, lentement ... lentement ... jusqu’à atteindre sa nuque, jusqu’à ce que ses cheveux se dressent sur sa tête, puis l’enveloppe totalement comme une tornade portée par tous les diables. S’il avait pu y mettre la main, il aurait pu la toucher, épaisse, noire et étouffante comme un chiffon. C’est la peur qui se manifestait... et maintenant la brume commençait à couvrir sa tête ... à le glacer ... si elle atteignait sa bouche, il serait perdu.

C’était cette peur, dont il les avait mis en garde, qui pourrait détruire Jan et Thur et le tuer. Il ne doit pas... il ne faut pas! La brume noire semblait atteindre ses narines... en quelques secondes elle sera sur sa bouche.

Il a commencé à la chasser et elle s’est arrêtée. Pendant un moment qui semblait interminable, la brume semblait rester stationnaire, pendant qu’Olaf agonisait aux prises avec lui-même, luttant pour leur vie à tous. Aussi lentement qu’elle avait progressé la chose noire reculait et a disparu, le laissant tremblant et en sueur, mais à nouveau maître de lui.

Il avait réussi! Jamais plus, pensait-il, les puissances des ténèbres ne pourraient l’assaillir ou avoir le dessus sur lui.

Puis de nombreuses nouvelles visions tremblotante sont apparues, mais elles diminuaient en fréquence et intensité jusqu’à disparaitre complètement, laissant Olaf avec un sentiment d’épuisement et d’étourdissement qui l’a fait chanceler à nouveau. Ce n’est qu’avec un effort suprême qu’il a réussi à se maîtriser. Malgré lui il s’est mis à marmonner, comme s’il délirait, il prononçait des paroles qu’il ne comprenait pas. Il a pris conscience de la voix de Thur, qui était persuasive avec un ton de bienvenue et ... oui, était-ce aussi du soulagement?

« Salut, ô Bartzebal, puissant esprit, bienvenue à celui qui vient au nom d’Eloahim Gibur. Dis-moi en vérité comment mon ami Jan Bonder ici présent peut faire pour que s’accomplisse sa volonté! »

Des lèvres sèches et gercées d’Olaf sont sorti une suite de mots obscurs, les seuls à être intelligible disait : « Cherchez la Sorcière de Wanda. » Mais il y a eu ensuite un bruit terrible de tambours qui tonnait dans sa tête et il a réalisé que quelqu’un frappait à la porte. Les hommes de l’Abbé! En une minute, les portes seraient enfoncées..., puis ce serait le jugement et le bûcher pour eux tous ... et il était attaché, les yeux bandés et sans défense.

 

 

 

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