Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre XVIII – L’Esprit Dantilion (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

« Vous êtes maintenant membre de la fraternité,» a dit Morven le lendemain. « Le mieux maintenant serait d’aller chercher Evan Œufs de Mouette.

- Mais par où allons-nous commencer ? » a demandé Jan « Lorsque nous t’avons cherché nous avions au moins le nom Wanda

- Je pense que nous avons un indice, » répondit-elle. « J’ai l’impression qu’il faut chercher vers la mer, du côté de Dunbrand, je pense.

- Bien parlé, » a dit Thur. « Bartzebal n’aurait pas osé mentir alors qu’il était dans le triangle, mais nous nous n’allons pas aller à Dunbrand et demander après Evan Œufs de Mouette sans motif. Les gens en parleraient et ces discutions pourraient aller tout droit jusqu’à l’oreille de Fitz-Urse.

- Non, » dit-elle, « Va d’abord voir Simon Pipeadder, il est vieux et je pense qu’il sait beaucoup de choses. Il t’obéira maintenant que tu es de la fraternité. »

Ainsi cette nuit Thur a consulté les étoiles et a vu qu’elles leurs étaient favorables. Les trois hommes sont partis en chasse dès le lendemain matin.

 

* * *

 

Ils sont arrivés à proximité de la ferme de Jan et Truda la gardeuse d’oies leur amena le vieux Simon. Au début, il ne fut pas très utile : « Non non, maître, c’est terriblement risqué et ces jours-ci la maîtresse est comme un démon déchaîné, elle dit que vous avez fait venir un démon des enfers, Jan, et elle va à droite et à gauche et elle asperge tout d’eau bénite, voilà ce qu’elle fait et en plus elle nous frappe.

- Oui, oui, Simon, mais comment peut-on s’emparer du château si nous n’y allons pas ? »

Simon hocha la tête avec obstination. « Non, maître, c’est terriblement risqué.

- Mais tu connais Evan Œufs de Mouette ?

- Oui maître.

- Eh bien, pour nous emparer du château nous devons combattre. Nous ne pouvons pas combattre sans risque. Penses-tu que nous sommes des lâches ?

- Que voulez-vous d’Evan Œufs de Mouette ? Il habite à l’écart et il n’est vraiment pas amical.

- Tu penses qu’il pourrait nous trahir ?

- Non, peut-être pas, il déteste les Normands. Mais il aime l’argent et il n’est pas de la fraternité.

- Mais moi j’en suis, » a dit Jan en décrivant un pentacle dans l’air avec son pouce passé entre ses doigts.

« Ô, maître Jan, maître Jan ! Tu nous as espionnés mais tu ne connais pas le chemin menant à l’intérieur d’un cercle.

- On m’y a conduit, » a dit Jan, « avec deux mots de passe et j’en ai reçu un troisième.

- Et où était celui qui t’a conduit dans le cercle ? Répondez à cette question, » souffla Simon.

« Elle était derrière moi, » a dit Jan.

« Ô, maître Jan, maître Jan, c’est magnifique, » souffla Simon. «Vous êtes vraiment de fraternité, mais jusqu’où êtes-vous allé ?

- Je suis passé par le triangle inversé et par le pentacle inversé, » répondit-t-il.

« Ô joie, je dois toujours faire ce vous dites, vous qui avez été aidé par la Demoiselle sacrée et qui êtes passé par le pentacle, » fut sa réponse. Mais en se tournant d’un air suspicieux vers Thur et Olaf : « Qu’en est-t-il de ces deux là ? Vous ne devez pas parler de ces choses devant des étrangers.

- N’aies pas peur, Simon. Thur est ce que je suis et Olaf est passé par le triangle.

- Bien, bien, je dois faire ce que vous me demandez maître, mais je n’aime pas ça, la maîtresse va me battre comme plâtre quand elle m’attrapera, je pense que je ne rentrerai plus jamais à la ferme.

- Ne t’inquiète pas, va chercher la jument noire et envois un mot pour dire que tu es malade et que tu ne peux pas venir travailler, elle y croira, » et le vieux Simon s’éloigna d’un air joyeux.

Il revint bientôt sur une puissante jument et ils chevauchèrent tous les quatre jusqu’à ce que la forêt s’éclaircisse et cède la place à des fermes disséminées. A l'orée de la forêt Simon arrêta son cheval. Olaf désigna une tache sombre à l’horizon. « Est-ce que c’est Dunbrand ? »

Simon eut un petit rire : « Oui, maître c’est bien Dunbrand. »

Les Bonder n’ont pas fait de commentaire, ils étaient bien trop loin pour en voir plus. « Y as-tu été depuis l’époque de notre père ?

- Oui, trois fois, à l’époque où l’on construisait le château.

- Mais, et le château de  mon grand-père ? » a dit Jan à la hâte.

« Il avait été ravagé par un incendie, il était vieux, on dit qu’il avait été construit à l’époque du bon roi Alfred. D’autres disent même qu’avant c’était un vieux château romain, que les Bonder étaient venus de la mer et vivaient là avant que les Normands règnent sur le pays et après, mais ça tu le sais, Fitz-Urse est arrivé et il y a eu un combat.

- Et seul mon père s’en est sorti ?

- Oui, avec moi et les autres que vous connaissez... j’avais trente ans à l’époque. Seigneur, j’ai l’impression que c’était hier.

- J’irais discuter avec eux... bien comme il faut, que Dieu m’aide » s’écria Jan dans un élan de passion.

- Amen, » ont dit d’une même voix Olaf et Thur.

« Et le château ?

- Fitz Urse en a fait construire la plus grande partie, ça a commencé il y a presque vingt ans, il est à peine terminé. Il a été en terre sainte avec le bon Roi Richard.

- Il est loin d’ici ?

- Environ seize kilomètres, maître. »

Ils ont chevauché jusqu’à la mer, là ils surplombaient un petit village de pêcheurs. Simon arrêta son cheval et désigna le village. Au début ils ne voyaient rien si ce n’est la ligne brisée d’une falaise à travers la brume, puis la ligne s’est révélé être un grand rocher sortant de l’eau qui déferlait tout autour du rocher. Il y avait ensuite un pont étroit au dessus de l’abîme et ce qui dans un premier temps leur avait semblé être des rochers escarpés s’est révélé être des créneaux.

Simon désigna les rochers : « Vous voyez le point noir là, c’est une grande grotte envahie par l’eau, les pécheurs y rangent leur bateaux. De là il y a un chemin qui mène à une corniche qui surplombe les rochers et il y a une autre corniche où il y a un grand treuil avec lequel ils hissent leurs chargements, puis on arrive à une porte dérobée du château. Cela a toujours été comme ça mais personne ne peut arriver au château par là à moins d’être hissé dans un panier. C’est comme ça qu’ils ont toujours hissé ceux qui arrivaient par la mer et pareil pour les pierres qui ont été utilisées pour construire le château. »

De par sa situation le château semblait pouvoir être défendu par un seul homme contre des milliers d’assaillants, il semblait vraiment inexpugnable. Ils ont aussi vu que l’unique accès par la terre était gardé par les deux tours jumelles d’une barbacane.

« Eh bien, » a dit Thur. « Un véritable casse-tête, conduis-nous à Evan Œufs de Mouette mon  bon Simon.

- C’est vrai, vous avez raison maître. Je vais le chercher. »

 

* * *

 

 

 

 

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