Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre XVII - Le Culte des Sorcières (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

Le lendemain matin, ils sont descendus presque endormis pour prendre leur petit déjeuner, les paupières lourdes, mi déçus, mi intrigués et franchement perplexes. Leurs espoirs d’une conclusion rapide à leurs difficultés étaient brisés. « Cherchez Evan Œufs de Mouette, » n’était pas un bien grand résultat pour leur puissante opération magique. Jan qui réalisait qu’il en était responsable baissait la tête honteux, il était aussi perplexe et inquiet. Il regardait Morven avec espoir mais aussi effrayé. Ils ont mangé et bu en silence jusqu’à ce que Morven dise : « Je veux te parler sérieusement, Jan, et cela vous concerne aussi, Thur et Olaf. Les gens de Spurnheath ont discuté. Pas dans le sens que tu espérais, Jan, mais silence, je suis désolé de te raconter tout ça.

« Lorsqu’il a été question de se rassembler à Deerleap l’autre soir, ils étaient pleins d’enthousiasme. Ils pensaient que le bon vieux temps allait revenir, que Jan-le-Bretteur était un chef puissant et que tout ce qu’ils auraient à faire serait de le suivre en criant et ils pourraient s’emparer de tous les châteaux. Mais le lendemain matin, ils ont encore réfléchi, ils ont vu comme les châteaux étaient bien protégés et que des hommes en armure les gardaient. Ils ont pensé aux salles de torture et aux potences et aux hommes qui ont été aveuglés ou mutilés et qui sont maintenant réduit à la mendicité. Puis ils se sont dit : ‘Nous n’avons pas d’armes’ et ils ont découvert que leur chef n’était qu’un agriculteur qui n’avait aucune compétence guerrière. Ils se sont donc calmés et ont jugé qu’il était plus sage d’attendre et de voir comment les choses allaient évoluer. Jusqu’à hier soir, je pensais que nous allions obtenir une aide magique pour remporter au moins un succès, ensuite les gens nous auraient suivi sans se poser de question, mais je crains maintenant que puisque Bartzebal a eu une fois le dessus sur nous, plus jamais il ne nous sera possible de le forcer à nous aider. »

Jan la regardait d’un air décontenancé. « Mais il ne s’agissait pas de combats et tout ce que nous avons obtenu c’est un conseil. Je ne doute pas que nous puissions trouver Evan Œufs de Mouette à temps et il nous apportera son aide ou ses avis, Bartzebal n’aurait pas osé nous tromper sur ce point.

- Et le conseil est bon, il va nous aider, » a dit Thur.

« C’est vrai, » a-t-elle dit, « Mais nous voulons une aide rapide, pour que la population nous suive jusqu’au succès, avant que les bavardages de Maîtresse Hildegarde ne gâchent tout.

- Tu es une prêtresse, les gens te suivront, » a dit Thur.

« C’est vrai, j’ai été prêtresse, je suis passée par le triangle et par le pentacle, j’ai donc le droit d’assumer cette fonction si aucun ancien ou si personne n’ayant plus de droits que moi n’est présent. Mais je n’ai jamais occupé cette fonction et je crains de manquer d’expérience et de ne pas avoir assez de personnalité pour diriger les hommes dans la bataille. C’est pour cela que je veux que tu aies l’autorité, Jan, et vous aussi, Thur

- Oui, les combats sont une affaire d’hommes, » a dit Thur.

- Je commanderai, d’accord, » a dit Jan.

« Non, tu n’a pas encore cette autorité, » a-t-elle répondu.

« Je pense que Morven à une idée derrière la tête, » a dit Thur.

« Oui, » a-t-elle répondu. « Je veux que vous rejoignez tous la fraternité. Alors ils vous feront tous confiance et ils vous suivront jusqu’au bout, quelle que soit notre situation.

- Quoi, moi ? Adorer des diables ? » s’étrangla Jan.

- Non, ce ne sont pas des diables, Jan, c’est un mensonge qui vient des curés, ce ne sont que les anciens dieux de l’amour, du rire, de la paix et du contentement.

- Que veux-tu exactement de nous ? » a demandé Thur

« Bientôt, à la nuit tombée, j’utiliserai votre cercle au grenier, je vous ferais passer par le triangle, cela fera de vous trois des prêtres et des sorcières.

- On va chevaucher des balais ? » ont demandé d’une même voix Jan méfiant et Olaf plein d’espérances.

« Non, ce ne sont que des bêtises, vous allez être conduit l’un après l’autre dans le cercle, il y a une épreuve à surmonter, mais elle est légère, puis vous jurerez d’être fidèle et de toujours aider vos frères, puis on vous expliquera les pouvoirs des outils de travail et c’est tout.

En fait, je vais appeler les Anciens, les Puissances, je leur demanderai d’être présent et d’assister à vos serments et de nous donner leur bénédiction, mais vous ne les verrez pas, » a-t-elle répondu. Ainsi, après bien des discussions, il a été convenu, Thur trouvant que les astres étaient favorable, que cette nuit ils monteraient dans la chambre au grenier et Morven dirigera les cérémonies. Après qu’ils se soient tous baignés dans l’eau chaude elle a dit: « Ne remettez pas vos vêtements, pour être des sorcières vous devez être comme des sorcières. Je vais tout d’abord initier Jan. Attendez ici que je vous appelle. »

Morven et Jan sont montés au grenier. Là, elle a à nouveau tracé le cercle avec son athamé, laissant une ouverture, puis elle a marché en rond trois fois dans le sens du soleil d’un pas dansant, tout en appelant les Puissances de l’est, du sud, de l’ouest et du nord pour qu’ils assistent au rituel. Puis après avoir dansé plusieurs rondes en silence, elle a chanté :

Eko, eko, azarak. Eko, eko, zomelak.

Bagabi lacha bachabe, Lamac cahi achababe.

Karrellyos.

Lamac lamac bachalyas.

Cabahagy sabalyos. Baryolos.

Lagoz atha cabyolas. Smnahac atha famolas.

Hurrahya.

Puis elle a quitté le cercle par la porte et elle a dit en allant vers Jan : « Comme il n’y a pas d’autre frère ici, je dois être ton parrain ainsi que prêtre, je suis sur le point de te donner un avertissement, si tu es toujours dans le même état d’esprit, tu y répondras par ces mots : ‘Parfait amour et parfaite confiance’. » 

Puis en plaçant la pointe de son athamé contre le cœur de Jan elle a dit: « Ô toi qui te tiens au seuil entre le beau pays des hommes et les domaines des seigneurs effrayant des espaces extérieurs, as-tu le courage de tenter l’épreuve ? Car en vérité je te le dis, tu ferais mieux de te précipiter sur mon arme et périr misérablement que de tenter l’épreuve avec la peur dans ton cœur. »

Jan a répondu : « J’ai deux mots de passe: Parfait amour et Parfaite confiance. »

Morven a retiré la pointe du couteau en disant : « tous ceux qui prononcent de telles paroles sont doublement bienvenus. » Puis, en passant derrière lui, elle lui a bandé les yeux, elle l’a attrapé par derrière en plaçant son bras gauche autour de la taille de Jan, et en plaçant son bras droit autour de cou de Jan elle lui a tourné la tête vers le côté a placé ses lèvres contre celles de Jan en disant : « Je te donne le troisième mot de passe : un baiser. »

En disant cela elle l’a poussé en avant avec son corps, et l’a fait pénétrer par la porte dans le cercle. Une fois à l'intérieur, elle l’a libéré en chuchotant: « C’est de cette la façon que tous entrent pour la première fois dans le cercle. » Elle a ensuite refermé la porte en passant trois fois la pointe de son athamé dessus pour fermer tous les cercles.

Puis elle l’a conduit vers le sud de l’autel en murmurant : « Maintenant, il y a l’épreuve. » Prenant un petit morceau de corde sur l’autel, elle l’a attaché autour de la cheville droite de Jan, laissant ses extrémités libres, en chuchotant : « Tes pieds ne sont ni attachés ni libres. » Puis, avec une longue corde, elle lui attacha fermement les mains derrière le dos, puis elle les tira vers le haut dans le creux de son dos et attacha la corde autour du cou, ses bras formaient alors un triangle dans le dos, elle a laissé une extrémité de la corde pendre à l’avant comme une laisse. Avec cette laisse dans sa main gauche et l’athamé dans sa main droite, elle l’a amené dans le sens du soleil autour du cercle jusqu’à l’est, où en saluant avec l’athamé elle a proclamé : « Ecoutez, Ô seigneurs des tours de guet de l’est, Jan, préparé comme il se doit, va être fait prêtre et sorcière. » Elle l’a ensuite conduit tout à tour au sud, à l’ouest et au nord, où des proclamations similaires ont été faites. Puis, passant son bras droit autour de la taille de Jan, l’athamé toujours dans sa main gauche, elle lui a fait faire trois fois le tour du cercle d’un pas dansant rapide. Attaché, les yeux bandés, la course en cercle dans un si petit espace, le cerveau de Jan fut pris de vertige. Attaché comme il l’était, il ne pouvait rien faire si ce n’est s’efforcer de ne pas tomber.

 

 

 

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