Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre XVI - Dans le Grand Cercle (3)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Les trois disciples attendaient son bon plaisir. Thur a donné à Morven un encensoir et un panier de l'encens. Dans sa main droite, elle tenait son athamé, elle tenait la poignée du panier accrochée à son avant bras. Jan a reçu un puissant parchemin et une flasque de parfum, Olaf a reçu un stylo, du parchemin et une petite corne d’encre, qu’il tenait en plus de son épée, en prenant bien soin de ne rien laisser tomber.

Pendant ce temps Thur, debout au centre du cercle, tourné vers l’est, s’est signé en disant : Atoh, Malkus, ve Geburah, ve Gedulah, le Olam. » Puis il est allé du côté est du cercle et a dit : « Je vous convoque, vous éveille et vous appelle vous puissances de l’est, pour garder ce cercle. Il a ensuite fait cette même proclamation aux puissances du sud, de l’ouest et du nord, tour à tour. Puis, avec la pointe de son épée consacrée, il a tracé chaque ligne du grand cercle tout en soulevant soigneusement la pointe de son épée en forme d’arc à chaque fois qu’il passait sur la porte, ainsi le cercle restait inachevé à ces points.

Puis il a écrit les noms de pouvoirs entre les cercles. Au sud-est, il a écrit JHVH (Jéhovah), au sud-ouest AHIA, au nord-ouest ALVIN et au nord-est ALH. Dans le cercle intérieur, il a écrit, à l'est AL, au sud AGLA, à l'ouest JA et au nord ADNI. Le tout en lettres hébraïques. Des pentacles ont été tracés entre ces noms sur la circonférence du cercle.

Une fois tout cela fait, Thur est allé à chaque brasier, en commençant à l’est et en se déplaçant dans le sens du soleil, il a éventé les charbons, suivi par Morven qui a jeté dessus de l’encens d’aloès, de la muscade, de la gomme allemande et du musc. Devant l’autel il y avait un grand brasier qui fut maintenant allumé et on y a versé de l’encens.

Thur est sorti du cercle par la porte, suivi par Morven, il a ensuite rassemblé ses disciples et les a conduits à l’intérieur du cercle. Il a fermé la porte en terminant les lignes inachevées de la pointe de son épée tout en disant : « Agla, Azoth, Adonaï », et il a tracé trois pentacles pour garder la porte. Puis, en assignant à chacun des disciples une place, Thur a dit : « A Chaque fois que je me déplacerai vous me suivrez d’un bon pas et malheur à celui qui sortira du cercle, car je vais appeler des forces puissantes. »

Ce discours a eu raison des frères Bonder, l’espace était si limité qu’il était difficile de se déplacer dans le cercle, leurs pieds semblaient gigantesques, maladroits et presque collés aux plancher. Olaf a jeté un regard de protestation muette au mage, mais il avait déjà commencé à entonner une prière d’un ton riche et sonore.

Zanah Zamaii, Pindamon très puisant, Sidon très fort, El, Yod, He, Vau, He, lah, Agla. Aidez-moi, moi un pécheur indigne qui a eu l’audace de prononcer les noms sacrés, des noms que personne ne doit prononcer et invoquer sans se mettre en très grand danger. Ainsi j’ai utilisé ces noms les plus saints, en prenant des risques pour mon âme et mon corps. Pardon si j’ai péché de quelque façon que ce soit car j’ai confiance en votre protection. Amen. »

En priant ainsi il a à nouveau encensé tout le monde puis s’est encensé lui-même. Il était maintenant minuit. Dans tous les braseros les tisons rougeoyaient et d’épais nuages de fumée parfumée montaient jusqu’à la chaume et le long des poutres en dessinant des formes fantastiques, leur étrangeté était encore accrue par l’éclairage venant de dessous émis par les brasiers, ainsi le grenier semblait être peuplé d’êtres fantastiques venant d’un autre monde. Thur se tenait devant l’autel, tourné vers l’est et a dit d’une voix très forte : « Ô vous, esprits, je vous en conjure par le pouvoir, la sagesse, et par la vertu de l’esprit de Dieu, par la grandeur de Dieu, par le nom sacré de Dieu. EHEIEH.

Sur l’autel il y avait le dernier des quatre pentacles qu’il avait fait pour Bartzebal. Il y avait aussi les cordes, le tissu noir et d’autres choses dont il aurait besoin pour l’opération. Prenant ce pentacle, il l’a attaché avec une corde et l’a enveloppé avec un tissu. Il a ensuite fait le tour du cercle en marchant dans le sens du soleil, suivi des autres, à l'ouest il a baptisé le pentacle avec de l'eau consacrée, en disant: « Ô créature de fer, je te consacre à la place de ton maître, je te nomme Bartzebal. Tu es Bartzebal. » En disant cela il l’a encensé dans la fumée parfumée du brasier, attisant la flamme pour qu’elle s’élève, puis il a placé le pentacle par terre à l’ouest puis, debout, la pointe de l’épée sur le pentacle, il a dit d’un ton incisif : Moi, Thur Peterson, j’évoque ici le grand esprit Bartzebal pour qu’il vienne m’aider, pour que Jan Bonder ici présent retrouve sa rang, ses terres et ses honneurs. »

Prenant le pentacle il l’a placé sur l’autel et appela trois fois :

« Bartzebal viens, Bartzebal viens, Bartzebal VIENS. Viens pour aider Jan Bonder, pour que ses désirs s’accomplissent. »

Thur a annoncé avec une conviction intense : « Bartzebal VA APPARAITRE. »

Les yeux de Jan guettaient frénétiquement l’approche de Bartzebal, s’attendant à voir une apparition effrayante d’une immense force martiale, sans doute annoncée par un coup de tonnerre assourdissant. A son grand soulagement rien de tout cela n’est arrivé. Seule la voix familière et rassurante de Thur s’est fait entendre à nouveau, il évoquait à nouveau l’esprit : « Viens, Ô Bartzebal, par IOD le nom indivisible de Dieu, par le nom Tétragramme Elohim, par El, fort et puissant, par le nom Elohim Gibor, merveilleux, je te conjure par le nom, ELOTH VA DATH. »

Il y a eu ensuite une courte pause comme si l’univers tout entier attendait ces grands noms et retenait son souffle. La respiration de Jan semblait s’être éteinte dans sa poitrine et elle paraissait ne plus vouloir repartir. Il a humidifié ses lèvres desséchées avec sa langue et regarda son frère.

Olaf, ses yeux clairs et brillants, avait le regard rivé sur le visage de Thur en une adoration émerveillée, son vêtement blanc, avec ses beaux cheveux rejetés vers l’arrière de sa tête ressemblaient aux pétales d’une hyacinthe et ce culte de gloire l’illuminait, il émanait de lui une sorte de rayonnement intérieur comme le feu dans le cœur d’un diamant, il ressemblait à un archange, il ne manquait plus que la splendeur d’un un arc en ciel autour de lui pour compléter l’illusion.

Olaf, perdu dans Dieu sait quel paradis que l’esprit humain était capable de créer n’avait pas de place pour son frère dans ce paradis et Jan sentait toute la désolation du fait qu’en ce moment il avait besoin de contact humain.

Il a regardé Morven contempler le mage avec une attention tranquille. Par rapport à Olaf, son visage était sans expression, mais elle a croisé son regard et l’a fixé, l’anxiété marquait son front clair. Elle fronça les sourcils et secoua la tête pour l’avertir. Jan a compris ce qu’elle voulait lui dire et il s’est arraché désespérément à ses pensées vagabondes. Il s’est forcé à visualiser le château, il a même vu une tête casquée sur les remparts, il décida que cette tête était celle de Fitz-Urse. Il a fixé son attention et, voyant cela, Morven s’est apaisée.

Thur était maintenant à l’est de l'autel. Il a placé le pentacle, toujours lié et voilé, sur un triangle marqué en son centre. Dans sa main droite il tenait son épée magique levée vers le ciel avec le pommeau juste au-dessus du pentacle, en disant: « Ô Bartzebal, je te conjure par le nom très saint, SHADDAI, j’ai lié et voilé ce symbole de toi, qui est toi. Ainsi tu ne pourras ni bouger, ni voir, ni entendre autre chose que ce que je voudrais. Je te conjure donc d’apparaitre de façon visible.

Viens vite pour obéir à ma volonté, par le nom très saint nom El Ghai, je te conjure par la vertu du très saint nom de Dieu, ADONAI MALLAKI. Par la vertu de Methratton sa représentation. Par la vertu de ses anges qui ne cessent de pleurer de jour ou de nuit, Qadosch, Qaosch, Oadosch, Elohim Adonai Tzabaothl

Et par les dix anges qui président les Sephiroth, par qui Dieu communique et étend son influence sur les choses inférieures, il s’agit de Kether, Chokhmah, Binah, Geburah, Tipereth, Netzah, Hod, Yesod et Malkuth. Je te conjure et t’ordonne absolument, Ô Bartzebal, quelle que soit la partie de l’univers où tu te trouves, par la vertu de ces noms sacrés : Adonaï, Yove, Ha, Kabir, Messiachionah, Mal, Kah, Eral, Kuzy, Matzpatz, El Shaddaï, et par tous les noms sacrés de Dieu qui ont été écrits dans le sang en signe d’alliance éternelle.

Je te conjure par les noms de Dieu, très saints et inconnus, par la vertu desquels il peut trembler chaque jour, Baruch, Barcurabon, Patachel, Alcheghek, Aquachai, Honwrian Eheieh, Abbaton, Chevob, Cebon, Oyzroymas, Chaialbamachi, Ortagu, Maleabelech, Helechyeze, Sechezze.

Ecoute, viens vite et sans délai devant nous. Je t’appelle, Bartzebal, esprit de Mars. Bartzebal VIENS. Bartzebal VIENS. Bartzebal VIENS ! »

Thur prononça le dernier « viens » avec toute la force de sa volonté et de sa voix la plus impérieuse. Puis, jetant plus d’encens au centre du brasier il a fait signe à Morven de remettre de l’encens dans les autres, il a repris : « Comme la voix de l’exorciste m’a dit : ‘Je m’enveloppe dans les ténèbres, puis je me manifesterai à la lumière,’ viens Ô Bartzebal, viens ! Viens, Ô Bartzebal, viens !

           

 

 

 

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