Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre XVI - Dans le Grand Cercle (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Le message avait été envoyé à la ferme et les frères Bonder sont arrivés à temps pour le souper. Tout le monde était tendu et excité, les astres étaient favorables et cette nuit ils allaient participer à la grande expérience, entrer dans le grand cercle.

Par une échelle, on accédait à un grenier entre le premier étage et le toit. Thar avait décidé que ce serait là le meilleur endroit, ainsi lui et Morven avaient passé de nombreuses heures à balayer les toiles d'araignées et les années de poussière qui s’étaient accumulées, puis à récurer. Comme l’heure approchait, Thur a dit aux deux frères: « Cette nuit, tout dépendra de vous deux. Vous êtes venus ici en bravant la colère de votre mère quand elle le découvrira, ne gâchez donc pas ce que je fais pour vous. »

Jan avait l’air perplexe. « Que voulez-vous dire ? » demanda-t-il timidement.

« Je pense à l’aventure du grand cercle, il ne faudra pas faire d’erreur car je vais libérer de puissantes forces et c’est dangereux.

- Comment est-ce possible, Thur ? N’êtes-vous pas un mage ? Ne commandez-vous pas aux esprits par votre savoir mystique ?

- Mon savoir mystique, comme vous l’appelez, ne fera que la moitié de la chose. J’ai appris les rites et les incantations, mais je n’ai encore jamais pratiqué l’art. Quand tout est dit et fait, c’est l’esprit seul qui accompli réellement les merveilles et cette merveille en particulier. »

Jan regardait et se sentait éreinté, il murmura: « Je ne vous comprends toujours pas.

- Lorsque je parle des pouvoirs de l’esprit, je pense à la maîtrise de soi... le pouvoir d’être concentré fixement et sans relâche sur l’objet de ton objectif, provoquer la chute de Fitz-Urse, la prise du château, et par cela retrouver tes terres, tes titres et tes rentes. Tu ne dois penser qu’à cela et à rien d’autre, Jan. »

Jan a ri, vraiment soulagé de constater qu’il ne lui en était demandé que si peu après des avertissements aussi solennels. « Ce n’est pas très difficile, » a-t-il répondu sans trop réfléchir. « Je ne pense qu’à ça, jour après jour. »

Thur trouva cet excès de confiance plus qu’inquiétant. « Jour après jour, ce n’est pas suffisant, ces petites pensées n’ont pas grand-chose à voir avec une concentration réelle de la pensée. Ces petites pensées sont communes à tous les hommes, tu dois faire beaucoup plus que cela, ce qui te sera demandé c’est d’y penser avec une intensité frénétique pendant au moins une heure et ne pas laisser ta pensée divaguer ne serait-ce qu’un seul instant pendant tout le temps où nous serons dans le cercle, ni laisser la moindre pensée parasite pénétrer ton esprit. Ce n’est pas facile ... visualiser le château jusqu’à croire que tu le voies réellement devant toi. »

Jan l’a regardé avec curiosité. « Je peux le faire, je le vois aussi clairement que le clocher au milieu de village un jour de beau temps, je vois la mer qui arrive à ses pieds et les mouettes qui crient autour de ses remparts. Oh oui, je le vois bien.

- C’est bien mais il faudra le voir quand le moment sera venu et toi aussi Olaf. Ce que j’ai dit à Jan est aussi vrai pour toi, mon garçon. Tout ceux qui entrent dans le cercle avec moi pour m’aider, doivent m’aider en pensant comme il se doit, ils doivent me donner de la force et donc augmenter mon pouvoir, car si une seule personne dans le cercle laisse errer ses pensées et oublie ce que nous sommes en train de faire, ne serait-ce qu’un instant, cela m’affaiblira et nous empêchera donc d’atteindre notre but mais en plus, cela nous mettra aussi tous en grand danger.

En danger ? » s’est exclamé Jan surpris.

« Oui, mon garçon, nos vies seraient en danger.

- Dans quelle mesure ?

- D’être foudroyé, » a dit Thur brutalement. « Rien n’est plus rapide qu’un esprit pour détecter une faiblesse chez un mage ou un relâchement des pouvoirs qui le commandent. Car je dois commander le pouvoir de guerre et de vengeance. Il n’est pas intrinsèquement mauvais mais ce pouvoir est dangereux s’il n’est pas contrôlé. L’esprit ne viendra jamais de son plein gré, je peux lui ordonner de venir, et le faire en le séduisant et en l’aveuglant, en le mystifiant et grâce à des encens odorant, car les tous esprits aiment les encens liés à leur nature. Puis, lorsque j’aurai son écoute il faudra que je lui commande par le pouvoir des noms sacrés et ainsi je le contraindrais à obéir à ma volonté. Mais s’il sent la moindre faiblesse chez le mage, ou chez n’importe quelle personne présente, il se rebellera tout de suit et désobéira, et son pouvoir s’opposera à notre volonté. Cela pourrait finir par nous détruire tous. Si vous faites le moindre écart lorsque vous construisez un barrage pour alimenter un moulin, les eaux emprisonnées peuvent s’échapper et détruire à la fois le barrage et vous-même. Pourtant l’eau ne vous veut pas de mal, et elle travaillera volontier pour vous si vous la contrôlez. Alors, n’oubliez pas que les esprits peuvent agir de même lorsque nous les laissons faire. Notre faiblesse est leur force. Si nous perdons le contrôle, cela peut aboutir à notre destruction.

- Mais pourquoi ne travaillent-ils pas pour nous de leur plein gré ? » a demandé Morven.

« Chers enfants, nous pourrions aller à eux avec le chapeau à la main et leur demander, ils pourraient peut-être œuvrer pour nous. Mais rappelle-toi, nous devons d’abord entrer en contact avec eux et la seule façon que nous connaissons pour le faire est de les piéger, aveugler leurs yeux et leur esprit, et parler jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus voir autre chose que nous ni entendre d’autres sons que ceux sortant de notre bouche. Ne seriez-vous pas en colère si, disons, un troupeau de moutons vous entourait et vous forçait à travailler pour eux, en vous y contraignant, en vous bousculant et vous mordant ? Je dois invoquer l’esprit par la force et utiliser de plus en plus de force jusqu'à ce qu’il arrive, bon gré mal gré, et tout ce que je peux offrir en retour ce sont des odeurs agréables, de la courtoisie et du respect. Alors souvenez-vous, j’ai besoin de votre volonté à m’aider, toutes vos forces et les images mentales que vous aurez fixées dans votre esprit, parce que notre force combinée est leur faiblesse et c’est ainsi que nous pouvons les forcer à obéir. »

Intimidés, tous ont répondu : « Nous allons le faire, Thur. 

- Merci. Je n’en demande pas plus, Montons à l’étage et remercions Dieu d’être avec nous. »

           

 

 

 

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