Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  XI –  Magie Musicale (2)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Morven ayant fini de préparer le souper est allée au jardin, mais Olaf lui a courut après et l’a presque poussée à l’intérieur, elle avait vraiment peur d’être confrontée à Jan et de lire de l’indifférence dans ses yeux.

« Regarde, Jan, voila notre sorcière ... ce miracle de beauté nous n’avions pas vu lorsque nous chevauchions dans les eaux de Wanda. » Olaf avait perdu sa timidité et retrouvé sa langue.

Jan regardait mais son esprit ne voyait que la beauté sombre et irradiante qui l’avait séduite. Morven le savait, mais il s’est incliné poliment en disant combien il était heureux de la voir en si bonne santé ... l’indifférence de Jan lui faisait mal, elle savait que s’il avait été en face de la Dame de Lord Jocelyn de Keyes il serait devenu tout rouge et aurait été incapable de prononcer le moindre mot.

Elle s’est détournée et a dit à Olaf des mots dont elle n’était pas consciente tant elle était prise par un effroi irrépressible. « Thur, je ... nous ... étions en train de parler de pouvoir.

- Venez souper, goutez cette tourte » a dit Thur en coupant de grosses parts.

- Ne parlez plus de pouvoir » a dit Jan avec véhémence, la bouche pleine. « Olaf n’ira plus jamais dans ce maudit triangle, mon cœur s’affole lorsque je pense que je l’ai presque tué.

- Ah, » rétorqua Thur, « tu abandonnes ?

- Abandonner, » a dit Jan, surpris. « Abandonner ! »

Morven le regardait à travers la table, ses yeux chatoyants semblaient grandir et être deux fois plus grands.

Jan remarqua leur feu et sa lèvre supérieure s’est levée laissant voir ses dents. « Non, » a-t-il protesté. « Jamais, tant que je serai en vie. »

Tout le monde a entendu le soupir de soulagement de Morven. Jan a bu une bonne lampée de bière et reposé son verre bruyamment puis il a dit avec force : « Mais pas avec mon frère, je suis seul et tu es avec moi, mais pas Olaf.

- Et Morven ? » a demandé Thur.

« Morven ...?

- Ne nous a-t-on pas demandé de la chercher?

- C'est vrai, » a convenu Jan qui a continué de mauvaise grâce : « Quel espoir avons-nous ? Je pensais qu’on allait avoir une puissante sorcière vieille, pleine de malices et de perversions qui aurait pu envoûter Fitz-Urse et les siens pour qu’ils connaissent la mort et la damnation, mais qu’avons-nous trouvé ? Une femme terrorisée et affamée qui se révèle être une jeune fille... inoffensive... inutile ... »

A nouveau les yeux gris-verts de Morven ont grandi. Un feu s’y est allumé, sa lèvre s’est soulevée. « Moi, inutile ? Inoffensive ? » Elle a envoyé un regard surpris et sournois vers Thur. « Je peux au moins jouer de la harpe. »

La remarque semblait si inconsidérée que Jan l’ignora et continua : « Oui, inoffensive, Morven. Si tu avais de la malice dans ton cœur et de la force dans ton esprit, tu les as bien gardés cachés, je ne les ai pas vues.

- Tu ne les as pas vus ? » a-t-elle dit en criant. En un éclair, elle fut à la table et s’est jeté sur lui à l’improviste alors qu’il était assis. Elle s’est mise sur les genoux de Jan, plaçant ses bras autour de son cou, elle l’a embrassé à pleine bouche, puis, se redressant, les bras encore sur ses épaules, elle l’a regardé les yeux baissés.

«  C’est comme ça qu’a agi Dalila pour renverser le colosse Samson, » a dit en riant Thur.

« Tu veux dire que tu vas agir de la sorte contre Fitz-Urse ... te faufiler dans son château, jouer de la harpe, le maîtriser de la sorte et nous le livrer ? C’est une merveilleuse idée, » a dit Jan tout surpris. Il a mis une main de chaque côté de la taille étroite de Morven pour la maintenir en équilibre sur ses genoux inexpérimentés et il l’a regardé avec bienveillance : « C’est ça ton votre plan ?

-  Les dieux sont bons pour nous. Je veux dire, le Christ et tous les saints, »  a dit Thur.

Olaf s’est esclaffé : « Même les grands dieux et les saint ne peuvent faire d’un sot un savant. »

Morven s’est levée lentement, les ignorants superbement. « Oui ... si besoin est » a-t-elle murmuré d’un ton morne : « Je vais faire encore plus pour que tu parviennes à tes fins, Jan.

-  Merci Morven. »

Le silence se fit, tout le monde l’a senti… à part Jan. Pour briser ce silence Olaf a exprimé sa pensée. « Qu’est-ce que c’est que toute cette histoire avec Fitz-Urse, pourquoi est-il venu jusqu’ici ?

- Oh, il vient souvent ici pour voir son écuyer, c’est son domaine, après tout.

- Assez de tous ces commérages sur Fitz Urse, ses impôts et de ses affaires » s’est écriée Morven. « Nous n’avons pas à avoir peur de lui, car il ne s’agira que de le rabaisser comme Samson. »

Les hommes ont hoché la tête perplexe et Morven a continué : C’est là-dessus que nous devons nous concentrer, d’autant plus qu’Alice m’a dit avant de s’en aller qu’il était reparti avec son écuyer et la moitié de ses hommes.

- Voici la voix de la sagesse, » a admis Thur avec admiration. « Parlez, Ô Sorcière de Wanda, car il semblerait que ta belle tête contienne un grand savoir.

- J’ai découvert que certains membres du Culte des Sorcières vivent dans la forêt à côté et il se dit que certains d’entre eux sont des gars robustes qui ne craignent pas de se battre. J’ai peut-être le pouvoir de les placer à notre service, si seulement je pouvais les atteindre.

- Combien sont-ils ? » a demandé Jan avec impatience.

«  Ils doivent être dans les cinquante, je n’en suis pas certaine. » a répondu Morven.

« Mais qui sont-ils ? Que font-ils? » a demandé Olaf.

« Les adeptes de l’Ancienne Foi sont partout. On en a fait des chrétiens par la force (en tout cas extérieurement), mais dans leur cœur ils aiment les anciens dieux et ils les servent, de diverses manières, lorsque l’appel arrive.

- N’avais-je pas dit qu’elle avait du pouvoir ? » a demandé Thur fièrement. « Le pouvoir de réfléchir et de planifier judicieusement dans l’intérêt de notre cause ? Ô Bartzebal, nous te devons beaucoup ? »

 

 

 

 

Retour