Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre  XI –  Magie Musicale (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Thur et Morven étaient à nouveau dans le triple cercle au jour et l’heure de Mercure. Le travail de cette nuit était de faire des talismans pour la protection. Le brasier rougeoyait. Sur la table il y avait les plumes et l’encre consacrées, des peaux de grenouilles séchées, la cire d’abeille, les herbes et épices, le goupillon et l’eau consacrée, le burin et le couteau à manche blanc. Prenant les bougies qui avaient été préparées, Thur les a mise en place, allumées et exorcisée ainsi : « Je t’exorcise, Ô créature de feu, au nom du Seigneur souverain et éternel, par son nom ineffable qui est Yod He Vau He. Par le nom de pouvoir El, afin que tu puisses éclairer le cœur de tous les esprits que nous appellerons dans ce cercle, afin qu’ils puissent apparaître devant nous sans fraude ni tromperie, par celui qui a créé toutes choses. Amen. » Il a ensuite récité les trois psaumes de David déjà cités puis cette invocation : « Adonaï, très puissant, El, très fort, Agla, très saint. Très juste, Azoth, le début et la fin. Vous qui avez créé toutes les choses dans votre sagesse. Vous qui avez choisi Abraham, votre fidèle serviteur et à qui vous avez promis que sa descendance sera bénie et se multipliera, comme les étoiles dans le ciel, dans toutes les nations de la terre. Vous qui êtes apparu à Moïse, votre serviteur, au sein du buisson ardent et que vous avez fait marcher à pied sec à dans la mer Rouge et à qui vous avez donné la Loi sur le Mont Sinaï. Vous qui avez accordé à Salomon ces pentacles par votre grande miséricorde, pour la préservation de l'âme et du corps, nous implorons et supplions humblement votre sainte majesté, faites que ces pentacles puissent être consacrés par votre pouvoir et préparé de façon telle qu’ils puissent obtenir vertu et force contre tous les esprits et les créatures adverses, grâce à vous, O très saint Adonaï, dont le royaume demeure et se perpétue à jamais et sans fin. Amen. »

Morven était tellement renforcée par cette invocation impressionnante qu’elle sentait le pouvoir grandir et grossir en elle et elle savait donc que ce qu’elle faisait allait vraiment protéger son utilisateur. Prenant un morceau de cire consacrée, elle l’a fait réchauffer dans le brasier. Avec dextérité elle a façonné un petit personnage, en utilisant le couteau à manche blanc qui avait été chauffé, elle a gravé les détails. Une fois que tout fut prêt, elle a coupé le sommet de la tête. Avec la pointe du couteau, elle a tracé les caractères magiques, comme si elle les inscrivait sur le cerveau lui-même. Ces symboles sont devenus ainsi une partie de l’organisme du porteur, la connaissance de cette protection contre le danger devenant ainsi une partie de sa mentalité et l’instinct d’autoprotection s’accroissait et devenait cent fois plus grande, l’ingéniosité en matière d’évasion s’accroissait et une perception accrue des dangers jaillissait du centre même de son cerveau.

Elle a replacé le haut du crane et a gravé d’autres symboles (insistant sur la nécessité de prudence et de vigilance) dessus. Au total, elle a préparé quatre poupées exactement de la même manière.

Pendant que Morven était occupée à cette tache, Thur traçait des signes kabbalistiques sur les peaux de grenouille. Quand il eut fini, il regarda Morven. « Nous avons besoin de cheveux de quelqu’un de bien disposé. Je suis bien disposé donc voici donc un cheveu de ma tête pour toi, Morven, mais je pense que pour les autres et pour moi, nous aurons besoin des tiens. » En disant cela il arraché des cheveux rouge d’or de sa tête et ramollissant les têtes de cire dans le brasier, il a fixé un cheveu dans chacune des figurines et son cheveux dans la figurine représentant Morven. Puis il les a toutes aspergées et encensées, en prononçant le sort d’invisibilité. « Melatron, Metakh, Beroth, Noth, Venibbeth, Mach, et vous tous. Je te conjure Ô figurine de cire, par le Dieu vivant et par la vertu de ces caractères et de ces mots, afin que tu détournes les yeux de tous les spectateurs et rende invisible celui qui te porte à chaque fois qu’il t’aura avec lui. »

Puis, chaque statuette a été enveloppée dans une peau de grenouille comme s’il s’agissait d’un vêtement et placée soigneusement de côté.

Morven le regardait avec envie et étonnement. « Cela peut aider, » a-t-elle dit, « au moins ils ne feront pas de mal, mais mon cœur m’inquiète. »

« Ne sois pas si grave, mon enfant, ne m’as-tu pas dit que c’était nos propres peurs qui nous mettaient en danger ?

- Oui je sais mais je crains que face au danger mes pouvoirs échouent, je doute comme jamais  avant.

- Viens, mon enfant, ne désespère jamais, tu as du pouvoir, mais tu dois apprendre à le concentrer. Souviens-toi, c’est la chose la plus difficile à faire que de se concentrer quand un être cher est en danger, mais on peut le faire.

- Vous pensez que j’ai du pouvoir, ça me donne de l’espoir, Thur. »

Mais elle pensait tout le temps : « Est-ce que je ne suis pas en train de le sauver, et c’est la Dame de Keyes qui est si belle qui en profitera. Son pouvoir c’est la beauté, moi aussi je suis belle, mais à quoi ça sert s’il ne me regarde jamais ? »

Elle soupira puis a dit. « Il y a quelqu’un à la porte, Thur. » Thur a mis la main à son oreille : un grattement venait d’en bas. « Des amis » a-t-il répondu laconiquement. Elle a enfilé en vitesse sa robe en descendant les marches et revint bientôt avec Jan et Olaf. La seule présence de Jan lui a embrumé l’esprit. Pourquoi était-il venu justement à ce moment ? Elle lui sourit, mais lui l’a à peine remarquée. Olaf la salua chaleureusement, lui serrant la main dans les siennes. « Pourquoi, Morven, comment ... comment ... » a-t-il dit timidement.

« Nous vous attendions depuis un moment » a dit Thur

Morven qui s’apprêtait à aller préparer le souper, s’est rapprochée légèrement pour écouter la conversation.

« Nous n’osions pas, » a dit Olaf « même maintenant, nous sommes ici plus par hasard que grâce à un plan minutieusement préparé, mais mère est allée passer la nuit chez un voisin et quelqu’un devait venir vous voir, alors nous avons couru le risque.

- Qu’a-t-elle dit au sujet de votre longue absence ? » a demandé Thur.

« Que n’a-t-elle pas dit devrait-on dire plutôt ? » a dit Jan.

« Elle va vous faire disparaître sous terre lorsqu’elle vous attrapera, Thur » l’averti Olaf.

« Qu’elle m’attrape d’abord, » a dit Thur « Comment avez-vous justifié votre absence ? 

- Nous étions en train de rentrer à la maison avec vous lorsque vous avez été appelé au chevet de votre frère mourant et comme il y avait des voleurs et qu’il n’était pas sûr de voyager seul, nous y sommes allés avec vous, » a dit Jan. « et elle a dit qu’elle ne savait pas que vous aviez un frère, elle ne nous a donc pas cru. »

 

 

 

 

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