Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre X – Œuvrer Ensemble (2)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Morven s’est interrompue pour secouer ses cheveux et Thur a demandé : « Et alors ?

- Ne soyez pas impatient, je peigne mes cheveux. Bon, ils ont fabriqué la baignoire, les moines se sont baignés et les eaux indignées ont reculé jusqu’à ce qu’il ne reste plus une seule goutte. Ni les prières, ni les larmes, ni les flagellations, ni les lamentations, ni les processions, ni de riches présents, ni de nombreuses bougies, ni les promesses d’amendement n’ont pu arranger les choses. Et tout le monde s’étonnait. Ils ont fait contrition et détruit le bain inique, et alors les eaux ont jailli à nouveau !

- Et tout le monde en a témoigné, il n’y a pas le moindre doute.

- Il y avait une pauvre femme à Hurstforth qui avait été vue en train de laver sa robe à un cours d'eau. Elle avait retourné sa poche et la lavait pour la nettoyer, comme le ferait n’importe quelle femme. Quelqu’un l’a observé et dénoncé. Ce n’était pas une sorcière ni quelqu’un de notre fraternité, mais aucun bon chrétien n’aurait lavé une chose qui n’est pas visible... ce doit être pour plaire au diable, a-ton dit et ils l’ont brûlé sur le bûcher pour cela.

- Assez ! » s’écria Thur. « Ces histoires me rendent malades et me tourmentent. Mais vous n’en voyez pas la raison cachée ? On ne peut entrer dans un cercle magique avant que son corps n’ai été purifié de toutes les saletés et sans aucun vêtement ou dans un vêtement totalement immaculé. La saleté est donc sainte, et vivre une vie de saleté perpétuelle est une formalité pour atteindre la sainteté éternelle. »

Morven, qui ne pouvait comprendre cela émit un nouveau grognement. « C’est la même chose lorsqu’il s’agit de soigner. Une sorcière commencera par nettoyer une plaie ou une blessure, puis y appliquera une pommade avec une plante médicinale et fera un pansement avec un linge propre. Un prêtre y appliquera un vieil os d’un saint, un os qui a touché de la même façon des centaines d’autres plaies purulentes et fera un pansement avec un vieux chiffon sale. Puis ils grimacent, mais en secret, et se demandent comment une sorcière peut guérir des centaines de malades alors que l’Église n’en guérit qu’un et encore, plus par hasard que grâce à son savoir. Les gens le savent et vont chez la sorcière avec leurs maux et non pas à l’Église, c’est pourquoi les prêtres chassent et persécutent les sorcières.  

- Oui, c’est une rivalité qui ne prendra fin qu’avec la disparition de l’une ou de l’autre. »

Le silence s’est abattu sur eux pendant lequel Morven a brossé  ses cheveux avec une énergie sauvage, tirant violemment sur chaque mèche comme si elle garrotait un maniaque s’apprêtant à partir à la chasse aux sorcières.

« Es-tu préparée Morven ? » a demandé Thur. Il se tenait là, parfumé et couvert de la tête aux pieds de l’une des robes de lin blanc qu’il avait rapporté de Londres. Il ressemblait à un prêtre. Morven se tenait là, son corps rose parfumée et vif à cause de l’eau et du frottement énergique. Elle tenait un couteau dans chaque main, l’athamé à manche noir et celui avec le manche blanc.

L’espace entre les deux chambres avait été arrangé pour le rituel. La veille il avait été balayé et dépoussiéré, il était ainsi exempt du moindre grain de poussière et pendant que Thur s’occupait de sélectionner et programmer les travaux à accomplir cette nuit-là. Morven a passé rapidement un nouveau coup de chiffon humide sur le plancher. Une fois fini elle s’est lavé les mains et a rejoint Thur. Ensemble ils ont solennellement parfumé l’endroit.

« Les cieux sont propices, » a-t-il murmuré avec satisfaction. « La lune est sous le signe d’Ariel et elle est croissante, le ciel est clair et serein. »

Pendant ce temps Morven a planté son athamé dans une fente dans le plancher, elle y a accroché la corde qu’elle avait tressé ce matin et fixé un morceau de charbon de bois sur cette corde à 1M70 de la première boucle. Elle a ainsi tracé un cercle en laissant une entrée au Nord Nord-Ouest. Elle a ensuite placé le charbon dans la boucle suivante, quinze cm plus près du centre, et tracé un second cercle et plaçant le charbon à 1M35 du centre, elle a tracé le troisième cercle, le cercle intérieur mesurant ainsi 2M70 de diamètre. Le cercle extérieur a ensuite été divisé en quatre parties selon les directions de la boussole. Commençant à l’est, Thur a écrit Agial en hébreu, au sud il a tracé Tzabaoth, à l’ouest JHVH (qu’en français on peut rendre par « Jéhovah ») et Adghy au nord. Entre chaque point de la boussole, il a tracé un pentacle c’est-à-dire une étoile à cinq branches.

Morven a ensuite pris l’athamé et, avec sa pointe, a repassé sur tout ce qu’il avait dessiné au charbon, pendant ce temps Thur a placé un brasier à l’extrémité Est dans le petit cercle. Il l’a allumé puis il a placé une table devant avec son centre au milieu du brasier. Il a ensuite placé les différents objets pour la consécration, dont la baguette et la corde qu’il avait utilisée pour marquer le cercle. Deux tabourets furent placés devant la table. Lentement, les nuages de fumées se sont élevés du brasier. Le triple cercle était maintenant achevé et il a fermé la porte avec deux pentacles, l’un dans le troisième cercle et le second dans l’espace entre le second et le troisième.

 

 

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