Avec l’Aide de la Haute Magie

Chapitre X – Œuvrer Ensemble (1)

par Gerald Gardner

version française Tof & Xavier

 

 

Ce fut le quatrième jour après leur retour que Thur dit à Morven: « Les cieux sont favorables, et on s’approche de l’aube du jour de Mercure. Cette nuit, lorsqu’Alice sera partie, nous commencerons notre travail. Repose-toi aujourd’hui, sois tranquille et prépare-toi, c’est aussi ce que je ferai. »

Ainsi, toute la journée, Morven est restée couchée dans l’herbe longue au bord du fleuve à regarder les hirondelles raser la surface de l’eau pour attraper des insectes trop petits pour qu’on puisse les voir, et les martinets rejoindre et quitter leurs nids sous les toits. L’air était de plus en plus chargé par l’odeur du trèfle et le bourdonnement d’un essaim d’abeilles. Morven, semblait oisive mais récoltait en fait des plantes aquatiques. Elle les assemblait en une longue corde qu’elle tressait. Elle y mit des nœuds aux deux extrémités ainsi qu’à certains intervalles sur toute sa longueur.

Impatiente, elle avait l’impression qu’Alice ne partirait jamais, tant elle s’attardait sous un prétexte ou un autre. En vérité, Alice était très heureuse de la présence de la jeune fille et c’est avec joie qu’elle aurait emménagé dans la maison, mais finalement elle s’en est allée et Thur et Morven se sont précipités à l’étage. Thur et Smid avaient construit une chambre à l’extrémité ouest de la maison avec de grosses planches en chêne et une porte solide fixée avec une barre de fer. Ainsi, entre les deux chambres à coucher il y avait un grand espace. C’est là que le cercle devait être préparé. Thur et Morven examinaient cet espace.

« Ça fera parfaitement l’affaire, » a-t-il affirmé. Avec une patience infinie, ils sont allés chercher une grande baignoire et l’ont monté avec difficulté dans l’escalier en colimaçon.

Pendant ce temps l’eau avait été mise à chauffer sur le feu au rez-de-chaussée puis ils l’ont monté à  l’étage et rempli à moitié la baignoire. Thur immergé dans la vapeur qui montait de la baignoire a exorcisé le bain : « Je t’exorcise, O créature d’eau, pour que tu chasses de toi toutes les impuretés et malpropreté des esprits du monde des fantasmes de sorte qu’ils ne puissent me faire de mal, par la vertu de Dieu Tout-Puissant, qui règne depuis les siècles des siècles. Amen.

« Mertalia, Musalia, Dophalia, Onemalia, Zitanseia, Goldaphaira, Dedulsaira, Ghevialaira, Gheminaiea, Gegropheira, Cedani, Gilthar, Godieb, Ezoiil, Musil, Grassil, Tamen, Puri, Godu, Hoznoth, Astachoth, Tzabaoth, Adonai, Agla, On, El, Tetragrammaton, Shema, Ariston, Anaphaxeton, Segilaton, Primarouton. » Et il s’est déshabillé et s’est lavé soigneusement, invitant Morven à faire de même. Elle lui obéit et il versa de l’eau sur lui-même et puis sur elle en disant : « Purge moi, O Seigneur, avec l’hysope pour que je sois propre. Lave-moi, et je serai plus blanc que neige. »

Lorsque Morven fut sortie du bain, Thur a pris le sel et l’a bénit, en disant : « Que la bénédiction du Père Tout-Puissant soit sur cette créature de sel. Que toute malignité et entrave en soit expulsées, que tout bien puisse y pénétrer. C’est pourquoi je te bénis et je t’invoque pour que tu puisses m’aider. »

Versant le sel exorcisé dans le bain, ils sont tous deux entrés dans le bain et se sont lavés à nouveau en disant : « Imanel, Arnamon, Imato, Memeon, Hectacon, Muobii, Paltellon, Decaion, Yamenton, Yaron, Tatonon, Vaphoron, Gardon, Existon, Zagveron, Momerton, Zarmesiton, Tileion, Tixmion. »

Morven, en sortant de l’eau lui a demandé gaiement : « Savez-vous pourquoi la magie et la sorcellerie sont mieux que ce qu’enseigne l’Église, Thur ?

- Non, je ne sais pas, » a-t-il dit.

« Parce qu’elles enseignent la propreté du corps, alors que la Mère Église persécute pour la même raison.  

- Il est vrai que tous les saints aiment la crasse, comme en témoigne Simon le Stylite. La propreté à une odeur diabolique. Il ne faut pas chercher bien loin. De nombreux ecclésiastiques pratiquent l’art magique et ceux qui ne le pratiquent pas en ont entendu parler. Ils savent que l’accent est mis sur la propreté du corps avant d’entrer dans le cercle et ainsi ils pensent que les souillures doivent être sacrées parce que la magie et la sorcellerie sont impies. »

Morven a émit une sorte de grognement. « Avez-vous jamais entendu parler de l’histoire de Becket ? On raconte que l’Angleterre ne savait pas combien un saint l’était avant de lui enlever son maillot de corps, il était à ce point plein de poux que le vêtement est parti tout seul.

- Petit Miracle, le Roi Henry l’appelait « ce prêtre turbulent » et il demandait à ce qu’il soit déplacé. Il a du être affligé par cette chemise. » a dit Thur en riant.

Morven a dit : « Dans ma ville natale les gens parlaient beaucoup de la Vallée de la Sainteté.

-  Je n’en ai jamais entendu parler.

- C’est une histoire sur un abbé et ses moines. Personne n’était aussi saint qu’eux dans toute l’Égypte. Ils lisaient des livres pieux, sans jamais parler ni entre eux ni avec le monde extérieur, de peur d’offenser Dieu, ils ne mangeaient que des herbes, vivant dans l’inconfort, priant tout le temps, ne se lavant jamais, ils portaient un vêtement jusqu’à ce qu’il tombe en lambeau et parte de lui-même comme celui de Becket. Ils sont célèbres dans tout le monde civilisé pour leur savoir et leur sainte austérité.

- bref, un nid de Becket.

- Ne m’interrompez-pas avec votre légèreté, Thur Peterson. Il y a eu une grande pénurie d’eau. Le saint abbé a prié pour que ça s’arrange, et voilà ... en réponse un grand fleuve d’eau pure est apparu par miracle dans ce lieu désert. Alors toute la communauté fut tentée par le démon et ils prièrent leur abbé de fabriquer une baignoire pour qu’ils puissent nettoyer leurs corps. »

 

 

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