Robert Kirk

par Doreen Valiente version française Tof


Le livre de Robert Kirk « The Secret Commonwealth of Elves, Fauns and Fairies” (Ecosse 1691 réimprimé avec une préface de Andrew lang et édité par David Nutt à Londres en 1893) est un des travaux les plus curieux sur les liens entre les fées et les sorcières, d’autant plus qu’on raconte que l’année suivant la publication de ce livre Robert Kirk a lui-même été enlevé par les fées. Il marchait un soir sur une colline aux fées lorsqu’il eut un malaise et qu’on pensa qu’il était mort. Il fut donc enterré au cimetière d’Aberfoyle. Après les funérailles, son fantôme est apparu à l’un de ses proches et lui a dit qu’il n’était pas réellement mort mais prisonnier au pays de Féerie. Il expliqua comment il pouvait être libéré. Son fantôme, dit-il, apparaîtra au baptême de son fils posthume et si son cousin Grahame of Duchray lançait sa dague à la tête de l’apparition, Robert Kirk reviendrait dans le monde des vivants. On a bien vu le fantôme lors du baptême mais son cousin fut totalement abasourdi et il en oublia de lancer sa dague et Robert Kirk resta aux mains du peuple de féerie.
Connaissant l’intérêt de Robert Kirk pour les fées et le fait qu’il s’agissait aussi du sujet de son livre, il était inévitable qu’on raconte de telles légendes à son sujet, à cet endroit et à cette époque. Mais son livre existe réellement et fut écrit à peine 29 ans après le procès d’Isabel Gowdie, la sorcière écossaise dont les récits au sujet de ses liens avec le peuple de féerie ont intrigué un grand nombre d’écrivains. Tout cela va à l’encontre de la théorie qui veut que le peuple de féerie soit une véritable race aborigène.
Les fées de Robert Kirk étaient définitivement des êtres spirituels, « à mi-chemin entre l’Homme et l’Ange. » Leur corps était « d’Air congelé » et pouvait apparaître et disparaître à volonté et on le voyait plus facilement au crépuscule. Il qualifiait le peuple de féerie de « personnes énigmatiques » et disait qu’il vivait sous terre. Ceux qui ont le don de double vue peuvent voir les fées surtout au « Début de Chaque Saison de l’Année » époque où les fées déménagent et voyagent.
Les saisons auxquelles Robert Kirk fait référence sont les anciennes divisions celtiques de l’année, la Chandeleur, Walpurgis, Lammas et Halloween, où toutes sortes d’êtres inconnus sortent et où les sorcières tenaient (et tiennent toujours) leurs Grands Sabbats. On retrouve cette croyance d’activités féeriques à ces périodes en Irlande.
Robert Kirk note aussi qu’il y a des tribus dans le peuple de féerie ou une forme de hiérarchie. Ils vivent dans des maisons, parfois visibles, parfois invisibles. « Ils ne parlent pas beaucoup et ils le font en sifflant doucement et jamais fort.» Il y a des naissances, des mariages et des décès et même parfois des bagarres dans le monde de féerie.
« Ils vivent bien plus longtemps que nous, mais finissent aussi par mourir ou au moins par quitter cet Etat. Ils disent que rien ne périt, mais que (à part le Soleil et l’Année) chaque Chose est dans un Cycle, petit ou grand, et se renouvelle et se revigore lors de ses Révolutions. Chaque être de la création se meut (ce qui est une sorte de vie) puis ne bouge plus, mais un autre Animal bougera sur lui et ainsi de suite jusqu’au plus petit organisme capable d’être un réceptacle pour la Vie.» Comment Robert Kirk a obtenu cet étrange aperçu des secrets du peuple de féerie, il ne nous le dit pas, mais en lisant son livre on a l’impression qu’il était bien plus au fait du mysticisme qu’il ne voulait le laisser croire.
Au sujet de la sorcellerie il ne nous en dit que peu, mais il dit : « Le Médium qui a des liens avec ce genre de Familiers peut les faire apparaître à lui ou à d’autres à sa guise aussi rapidement que la Sorcière, du livre de Samuel dans la Bible, à ceux de son espèce. »

 

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