Les Rites de Ye Bok of ye Art Magical
par Bill Ellis version française Tof
« Witchcraft Today », le livre de Gerald Gardner a été publié en 1954. Ce livre
fut des plus importants pour ce qui allait devenir par la suite le mouvement
néo-païen. Gerald Gardner (1884-1964) affirmait avoir contacté un coven
clandestin de sorcières dans la région de la New Forest. Il disait que ce groupe
était une survivance du « culte des sorcières » médiéval que Margaret Murray
affirmait avoir été poussé à la clandestinité par le Christianisme. Le mouvement
gardnerien a commencé à être connu du public dès 1952, lorsque « Illustrated »
le magazine populaire britannique a publié un article parlant du coven de la New
Forest en citant Gerald Gardner. L’intérêt qui résulta de cet article a poussé
Gerald Gardner à écrire son livre où l’on pouvait lire des extraits d’un « Livre
des Ombres » utilisé par les adeptes de « l’Ancienne Religion ». Gerald Gardner
expliquait que l’on disait aux initiés de copier ces rites à la main en se
basant sur la copie de leur instructeur et que chaque copie était brûlée à la
mort de la sorcière ce qui explique l’absence de manuscrits plus anciens qui
auraient pu démontrer l’ancienneté de son cercle. L’affirmation de Gerald
Gardner a été reçue avec un grand scepticisme par de nombreux érudits, mais
Margaret Murray a elle rédigé une préface à « Witchraft Today » allant dans le
sens de ce que disait Gerald Gardner.
En fait, la source principale était des textes déjà publiés venant de la Golden
Down et de l’Ordo Templi Orientis. Le « Livre des Ombres » de Gerald Gardner
(intitulé « Ye Bok of ye Art Magical ») était essentiellement un collage
d’extraits de la traduction de MacGregor Mathers d’un grimoire médiéval « Les
Clefs Majeures de Salomon » avec des compléments tirés de « Magick in Theory and
Practice » de Crowley. Les rites étaient surtout constitués de chants répétitifs
et de danses. La nudité et la flagellation rituelles faisant partie intégrante
des rites. Selon Aidan Kelly, des éléments semblent indiquer qu’il s’agit là
d’un apport de Gardner qui, comme beaucoup de ceux qui connurent le système
d’éducation privée britannique, trouvaient les punitions corporelles
sexuellement excitantes. « Ye Bok of ye Art Magical » contient aussi de nombreux
éléments tirés de rituels maçonniques standard, comme l’utilisation de « l’Art »
pour décrire le mouvement et l’utilisation régulière de « ainsi soit-il » pour
conclure les prières et les incantations. Il n’y a pas là de surprise : Gerald
Gardner était un membre initié de l’Ordo Templi Orientis de Crowley et J.S.M.
Ward, un des amis proches de Gardner était un historien éminent de la
maçonnerie.
Même si la question de l’existence de ces groupes secrets de sorcières reste
controversée, les rituels de Gardner ont eu une influence énorme et depuis, les
groupe néo-païens ou « Wiccan » ont proliféré en Europe et en Amérique du Nord.
L’affirmation que ces groupes ont existé semble avoir donné vie au Culte des
Sorcières. Et même si les rites initiaux se focalisaient sur les fantaisies
sexuelles de Gerald Gardner, dix ans après sa mort, les éléments les plus
sensationnels - la nudité et la flagellation - ont été tempérés ou écartés de la
pratique de la plupart des covens. Frank Smyth note que les rumeurs d’orgies
sexuelles qui se seraient produites lors de rituels Wiccan n’étaient que des
on-dit car la plupart des membres étaient des travailleurs sédentaires proches
de la quarantaine voire plus âgés et ils étaient généralement épuisés par les
activités physiques du rituel. « Je n’ai presque jamais vu de sorcière homme
avoir une érection après une telle danse de groupe » a dit un des premiers
membres du coven à un enquêteur.